La décision de Donald Trump de proclamer un gel (temporaire) des visas à l’égard des voyageurs en provenance d’Iran, d’Irak, de Syrie, de Somalie, du Yémen, de la Libye et du Soudan vise à protéger la population américaine du terrorisme islamique, et frappe de ce fait des pays où l’islam est majoritaire et au pouvoir, ou puissamment présent à travers des forces adeptes du terrorisme. Que deviendra-t-elle, contestée qu’elle est par la gauche, notamment sur le plan judiciaire ? En attendant de le savoir, on peut constater que la mesure peut avoir des effets indésirables pour les chrétiens d’Orient, et ce précisément et d’autant plus qu’elle a été justifiée par « la mort de beaucoup de chrétiens au Proche-Orient ».
AsiaNews estime que le décret empêchant l’entrée aux Etats-Unis de ressortissants de ces sept pays à majorité islamique est défavorable aux chrétiens dans la mesure où il soutient l’idée d’une « guerre de l’Occident contre l’islam », et menace donc de déclencher une vengeance contre les chrétiens toujours au Proche-Orient.
Le tweet du président américain assurant que son décret visait à protéger les chrétiens (« Beaucoup de chrétiens sont morts au Proche-Orient. Nous ne pouvons pas permettre que cette terreur se poursuive. ») est dès lors difficilement compréhensible, affirme cet autre regard sur l’actualité de Donald Trump.
Le gel des visas par Trump fait apparaître les chrétiens comme des ennemis
Le fait que des exceptions soient explicitement prévues en faveur d’individus ou de minorités religieuses souffrant de persécutions religieuses dans leur pays n’arrange rien, selon Bernardo Cervellera d’AsiaNews. Même si ces minorités ne sont pas désignées, il ne fait pas de doute dans l’opinion de ces pays que les musulmans constituent la majorité, à l’inverse, et que par conséquent les frontières américaines leur sont fermées à eux seulement.
Le patriarche chaldéen de Bagdad, Mgr Louis Sako, estime que cette discrimination à l’égard des réfugiés selon leur religion se fait au détriment des chrétiens et peut provoquer de nouvelles violences à leur égard, alors qu’on les considère déjà sur place comme les « protégés » des puissances occidentales.
Certains, adeptes du dialogue interreligieux, vont plus loin. Le P. Georges Massouh du centre islamique-chrétien de l’université de Balamand – institution orthodoxe privée sise à Tripoli, au nord du Liban – a déclaré à L’Orient-Le Jour : « La décision a un ressort très raciste qui va exacerber la haine et l’extrémisme. Et ce sont les gens de la région, y compris les chrétiens, qui en paieront le prix… Nous devons cesser d’exploiter le dossier des “ minorités”. »
Les effets indésirables de la politique de Trump pour les chrétiens d’Orient
On pourra rétorquer qu’il ne s’agit pas de racisme mais du constat de la violence inhérente à l’islam, d’ailleurs démontrée s’il le fallait par les nouvelles menaces qui pèsent sur les chrétiens d’Orient, elles-mêmes. Situation qui explique certains choix de langage récurrents parmi les représentants de ces communautés sous haute tension.
Mais il y a aussi des faits. AsiaNews constate que Donald Trump semble suivre ici les traces de ses prédécesseurs, tel George W. Bush décidant d’attaquer l’Afghanistan au lendemain du 11 septembre 2001 (« alors que la majorité des kamikazes était des Saoudiens »), en qualifiant cette opération de « croisade ». « Le résultat immédiat fut une série d’attaques contre les chrétiens au Proche-Orient et au Pakistan. Même Barack Obama, avec son étrange défense de la démocratie au Proche-Orient, a donné son soutien aux Frères musulmans en Egypte au lendemain du printemps arabe ; ceux-ci se sont sentis libres d’attaquer des églises et des chrétiens dans l’ensemble du pays. (…) La continuité entre les présidents républicains et démocrates consiste à fomenter et à soutenir une guerre entre l’Occident (américain) et le monde islamique, sans prendre le moins du monde en considération le terrorisme extrémiste qui dès lors se venge sur les chrétiens », assure le site spécialisé dans l’actualité des chrétientés orientales.
Les chrétiens d’Orient échappent au gel des visas
Le point de vue mérite d’être pris en considération, ne serait-ce qu’à cause de la situation si terriblement précaire des chrétiens vivant sur les premières terres chrétiennes, celles de leurs ancêtres. S’il est certain que les nations peuvent et doivent se protéger face aux menaces, tout se passe dans une sorte d’exacerbation d’un « choc des civilisations » propice aux solutions extrêmes, avec d’un côté une « civilisation » islamique qui est en réalité une culture théocratique et historiquement violente, et de l’autre une « civilisation » occidentale qui a largement rejeté les fondements de sa propre grandeur chrétienne. L’islam refuse de voir l’apostasie dirigée par la maçonnerie ; il ne retient que les « croisés » qui le combattent, tout comme aux temps jadis la chrétienté se défendait face à la conquête musulmane.
Le résultat peut être explosif.