Le Premier ministre belge Charles Michel vient de prendre la défense de son collègue, le ministre de l’Intérieur Jan Jambon, attaqué dans les médias pour avoir déclaré que certains musulmans de Belgique avaient fêté les récents attentats de Bruxelles en dansant dans les rues. Le gouvernement belge confirme ainsi un point de vue supposé politiquement incorrect : l’islamisme n’est pas le fait de quelques extrémistes, et même les actions les plus violentes des terroristes peuvent être comprises par une part non négligeable des musulmans ordinaires qui ont pourtant vécu depuis longtemps en Occident.
C’est dans un entretien publié ce week-end par le quotidien flamand De Standaard, que le ministre de l’Intérieur Jan Jambon a déclaré qu’une « part significative de la communauté musulmane a dansé dans les rues ». Il précisait : « Ils ont jeté des bouteilles et des pierres contre la police et les journalistes après l’arrestation de Salah Abdeslam. C’est le vrai problème : que des migrants de troisième génération se retournent contre notre société et recourent à la violence. Tout cela est lié à notre politique. »
Des musulmans ordinaires ont dansé dans la rue après les attentats de Bruxelles
Interrogé sur le fait de savoir quelle réponse les pouvoirs publics peuvent apporter, Jean Jambon avait ajouté : « Les terroristes, nous pouvons les arrêter, les écarter de la société. Mais ils ne sont que des pustules. Il y a là-dessous un cancer qui est beaucoup plus difficile à traiter. Nous pouvons le faire. Mais pas en un jour. »
Bien que le ministre eût affirmé la responsabilité des pouvoirs publics plutôt que celle de l’islam, ces propos ont suscité de nombreuses critiques, notamment de la part de Meyrem Almaci, leader des Verts à la chambre des représentants. Elle les a déclarés « indignes d’un ministre » : son travail « c’est de faire l’unité », a-t-elle lancé. Elle l’a défié « d’apporter des preuves » ou alors de présenter ses excuses à la « communauté musulmane tout entière ».
Le gouvernement de la Belgique obligé de reconnaître que les terroristes sont fêtés par leurs coreligionnaires
Mais voilà, le quotidien De Morgen a raconté qu’un groupe de jeunes était bien descendu dans les rues de Bruxelles pour chanter des slogans favorables à l’Etat islamique le jour même des attentats qui avaient tué 32 personnes. Une école d’Anderlecht avait vu sa minute de silence en l’honneur des victimes perturbées par des élèves.
Le vice-premier ministre s’était jeté dans la bataille en affirmant que son collègue Jambon et d’autres devaient se méfier de « ce type de généralisation ».
Les déclarations publiques du premier ministre Charles Michel n’en prennent que plus de relief. Il a confirmé que le Conseil national de sécurité a bien été informé d’expression de soutien aux terroristes de Bruxelles. Il a reconnu que ces faits étaient imputables à une petite minorité seulement, mais il a tenu à souligner que son collègue n’avait pas eu tort d’en parler, rappelant combien de tels faits sont graves. Son porte-parole, Frédéric Cauderlier, a confirmé que de tels événements avaient pu être constatés « dans diverses parties du pays » ; il a ajouté que des procédures judiciaires sont en cours.
Mais il est déjà bien tard…