Le gouvernement britannique se déchire sur une hypothétique « 3e voie » imaginée par Theresa May pour le Brexit

Gouvernement britannique 3 voie Theresa May Brexit
 
La fracture s’élargit au sein du gouvernement britannique au sujet du Brexit. Boris Johnson, Secrétaire du Foreign Office, a publiquement soutenu l’un des chefs de file des conservateurs eurosceptiques, Jacob Rees-Mogg, qui menace le Premier ministre Theresa May d’une rébellion parlementaire si elle ne parvient pas à réaliser la sortie complète de l’Union européenne qu’elle avait promise. La colère a explosé dans les rangs des députés souverainistes après que Theresa May a claironné la possibilité d’une « 3e voie » au sujet des négociations frontalières (et donc commerciales) avec l’UE, mais sans donner de détail. Le Premier ministre est conséquemment accusé de traiter ses ministres « de demeurés ». Ce qui paraît certain en revanche, c’est que Theresa May a signé un document du Conseil européen permettant au Royaume-Uni de conserver ses députés européens – et de demeurer dans l’UE – si son retrait n’était pas effectif en mars 2019. Un élément supplémentaire pour mettre le feu aux poudres.
 

Theresa May confrontée au problème des frontières entre les deux Irlandes

 
Les principaux ministres se sont déclarés « profondément sceptiques » lundi sur la viabilité de tout nouveau plan d’arrangement avec le système bruxellois au sujet des frontières séparant l’Irlande du Nord de la République d’Irlande, couteau que tourne avec délice le négociateur euro-fanatique français Michel Barnier dans cette plaie que constitue la question irlandaise. Du coup, Jacob Rees-Mogg a clairement prévenu, dans le Telegraph, que le gouvernement May pourrait « tomber » si Theresa May n’organisait pas « le Brexit qu’elle avait promis ». Rees-Mogg rappelle des faits : « Madame le Premier ministre avait assuré, lors de son investiture, que “Brexit veut dire Brexit”. Sans 3e voie ! Lors de la dernière campagne électorale, dans ses échanges avec le peuple, elle avait promis que nous quitterions le marché unique et l’union douanière. » A Chequers, la résidence de villégiature des Premiers ministres britanniques où se réunira le gouvernement le 6 juillet, « la nation constatera si elle tient ses promesses ».
 
Dans le camp du compromis, Lord Hague, ancien Secrétaire d’Etat de David Cameron, estime à l’opposé que les conservateurs doivent soit transiger dès maintenant, soit assumer le renversement du gouvernement, ce qui signifierait le maintien du Royaume-Uni dans l’union douanière, empêchant toute perspective de négocier les accords commerciaux globaux. Un avis que ne partage pas du tout Boris Johnson qui suit M. Rees-Mogg quand il juge que la proposition de Mme May consistant à conserver un partenariat douanier avec l’UE, impliquant des droits de douane communs imposés par Bruxelles, doit absolument être exclue. Rees-Mogg ajoute que l’UE ne doit en aucun cas permettre à Bruxelles d’imposer sa loi au Royaume-Uni, directement ou indirectement, ou entraver d’une quelconque manière la capacité du pays à conclure des accords avec l’étranger. C’est un impératif pour échapper à la gouvernance globale et antinationale imposée par les oligarchies alliées au communisme chinois.
 

Extrême malaise au gouvernement britannique sur le Brexit, façon « 3e voie »

 
Signe de l’extrême malaise qui déchire le gouvernement au sujet du Brexit, Jacob Rees-Mogg a été accusé « d’insolence » par Sir Alan Duncan, adjoint de Boris Johnson au Foreign Office. Un autre ministre adjoint, Alastair Burt, lui a lancé : « Pourquoi ne pas tenter le meilleur pour le pays plutôt que de penser à nos coteries idéologiques ? » Pour Burt, l’expression « coterie idéologique » ne saurait bien sûr désigner les euro-globalistes qui rêvent de fusionner les peuples. Un comble. La réunion du gouvernement le 6 juillet aux Chequers promet d’être tendue.
 
Les informations sur la « 3e voie » trouvée par Theresa May afin de signer un compromis commercial avec la ploutocratie bruxelloise ont pris de court tous les membres du gouvernement, y compris le Secrétaire au Brexit, David Davis. Madame May et les anciens activistes du maintien dans l’UE militent pour un partenariat douanier. Les souverainistes, en revanche, prônent un plan de facilitation maximale (Max Fac) qui résoudrait la question de la frontière inter-irlandaise, gommée lors des accords de paix irlandais, grâce à un statut de commerçant certifié en Irlande du Nord.
 

Theresa Mais tenterait de tordre le bras de son gouvernement

 
Le Telegraph cite des sources gouvernementales selon lesquelles les ministres eurosceptiques se disent très… « sceptiques » au sujet du mystérieux plan du Premier ministre survenant après des mois de paralysie. Ils redoutent que Theresa May veuille de tordre le bras de son gouvernement en le prenant par surprise afin de « passer en force ». « Ils nous prennent pour des demeurés, on a l’impression qu’ils essaient de nous imposer une union douanière sous un autre nom », dit l’un d’eux. Un autre avance que Theresa May envisagerait une union douanière temporaire au-delà de la période de transition qui s’achèvera en décembre 2020, afin de préparer une législation « Max Fac » de pleine souveraineté. Downing Street a démenti. Theresa May assurait le 1er juillet devant les députés que le Royaume-Uni quitterait bien le marché unique et l’union douanière. Mais elle ajoutait vouloir » construire une relation solide pour après notre départ ».
 
Jacob Rees-Mogg, lui, entend sécuriser « ce nouveau destin » que le Royaume-Uni « a choisi de façon irrévocable ». Un destin dans lequel « la nation sera libre de rédiger ses propres lois et de conclure ses propres traités commerciaux, libre de retrouver le contrôle de sa politique migratoire et sera soulagée du paiement de l’eurogeld (terme germanisé pour désigner ironiquement la contribution au budget de l’UE, NDLR) en contrepartie de l’inquiétante soumission aux lois de l’UE ». Pour lui, la seule question valable au menu ce 6 juillet sera « de trancher sur cette liberté que le peuple britannique veut se réapproprier ». Et, derrière lui, les autres peuples soumis au soviétisme bruxellois.
 

Matthieu Lenoir