Il va falloir que le fournisseur d’énergie Hydro-Québec, engagé pour le compte du Québec dans le très controversé projet de parc éolien Apuiat, élabore une stratégie de sortie : le nouveau gouvernement de la province cherche en effet à se désengager de cette coûteuse aventure de production d’énergie « verte » lancée par l’équipe sortante de gauche. Hydro-Québec ne devra pas débourser quoi que ce soit pour l’électricité produite.
Le projet lui-mĂŞme remonte Ă 2015, portant sur une cinquantaine d’éoliennes Ă implanter sur la cĂ´te nord de QuĂ©bec, près de Port-Cartier. Pour 600 millions de dollars canadiens d’investissement, le parc a une capacitĂ© thĂ©orique de 200 MW/an, Ă racheter par Hydro-QuĂ©bec en exĂ©cution d’un contrat liant cette sociĂ©tĂ© Ă Apuiat.
François Legault, Premier ministre du QuĂ©bec depuis le 18 octobre dernier, n’est sans doute pas un climatosceptique avĂ©rĂ© mais il prend ses distances ; il a dĂ©jĂ fait savoir, lundi, qu’il n’entendait pas se rendre Ă la COP 24 en Pologne oĂą Ă son avis les dĂ©bats et les confĂ©rences seront « très techniques » et donc peu susceptibles d’entraĂ®ner des dĂ©cisions politiques.
La colère des milieux Ă©cologistes qui a accueilli cette nouvelle ne va pas s’apaiser avec le refus de poursuivre la mise en route du parc d’éoliennes d’Apuiat.
Le parc éolien d’Apuiat : entre 1,5 et 2 milliards de dollars canadiens sur 25 ans
Il Ă©tait pourtant prĂ©visible : pendant la campagne et lors du premier dĂ©bat tĂ©lĂ©visĂ©es qui a eu lieu le 13 septembre dernier, François Legault affirmait : « Nous n’allons pas obliger Hydro-QuĂ©bec Ă produire de l’Ă©lectricitĂ© dont nous n’avons pas besoin. » Le ministre de l’Ă©nergie et des ressources naturelles, Jonatan Julien, a confirmĂ© que le gouvernement du QuĂ©bec va tenir sur cette ligne : « Dans un contexte oĂą nous avons un surplus d’Ă©nergie, ce projet n’est pas profitable », a-t-il indiquĂ© mardi.
L’affaire est d’autant plus Ă©pineuse que le projet rĂ©pondait Ă plusieurs impĂ©ratifs du politiquement correct : celui du dĂ©veloppement durable, des Ă©nergies renouvelables et du partenariat avec les « peuples premiers ».
Le parc d’Apuiat a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© par Boralex, une sociĂ©tĂ© privĂ©e d’Ă©nergie renouvelable qui a travaillĂ© en partenariat avec neuf communautĂ©s Innu sur la cĂ´te Nord et dans la rĂ©gion du lac Saint-Jean.
Hydro-Québec s’est mis d’accord sur un projet de contrat avec Boralex en août dernier, non sans remettre sa signature définitive à une date ultérieure au 1er octobre pour pouvoir prendre en compte les résultats des élections et d’une éventuelle modification de la politique énergétique du Québec.
Le nouveau gouvernement du Québec cherche se désengager de l’énergie éolienne du parc d’Apuiat
Le nouveau gouvernement, a indiqué Julien, va « prendre le temps de rencontrer les parties en présence ainsi que les Premières nations avant de prendre une décision définitive ».
Mais dĂ©jĂ , le chef de l’assemblĂ©e des Premières nations de QuĂ©bec-Labrador, Ghislain Picard, a dĂ©clarĂ© « inacceptable » le fait que le gouvernement ait fait part de ses rĂ©ticences avant d’en avoir parlĂ© aux promoteurs Innu de la SociĂ©tĂ© Apuiat. Celle-ci a dĂ©clarĂ© dans un communiquĂ© : « Les Innu ne sont plus dans l’état d’esprit de simplement recevoir des annuitĂ©s du gouvernement. Au contraire, les Innu veulent mettre en Ĺ“uvre leurs propres projets d’investissement, construire quelque chose qui soit durable et renouvelable, dĂ©velopper de l’expertise et de la fiertĂ©. »
Premières nations, développement durable et Gaïa
Le groupe public Hydro-QuĂ©bec se trouve ĂŞtre lui-mĂŞme opposĂ© au projet de parc Ă©olien, comme l’a fait savoir son PDG Eric Martel dans une lettre publiĂ©e au mois d’aoĂ»t. Il y Ă©voquait un coĂ»t prĂ©visible Ă supporter par la sociĂ©tĂ© publique de 1,5 Ă 2 milliards de dollars canadiens sur 25 ans.
Tous les ingrĂ©dients des aberrations du « dĂ©veloppement durable » sont ici rĂ©unis : l’excès de dĂ©penses pour une Ă©nergie coĂ»teuse, qu’on en ait besoin non, au bĂ©nĂ©fice des Premières nations parĂ©es de toutes les vertus en raison de leur supposĂ© contact intime avec la nature.
Le nouveau gouvernement canadien pourrait fort bien être en train de se disqualifier pour blasphème contre Gaïa.
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