Le gouvernement de la Suède bloque une demande de données sur le lien entre immigration et délinquance

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La récente publication d’un rapport faisant état d’un sentiment d’insécurité croissant chez les femmes en Suède a conduit le parti des Démocrates suédois (SD) à demander la communication de données relatives à la délinquance des migrants, pour vérifier s’il y a en effet un lien entre immigration et criminalité, et notamment avec le harcèlement sexuel particulièrement redouté en ce moment par les Suédoises. Le gouvernement a refusé au motif que les statistiques mises à jour auraient peu de chances d’apporter de nouvelles informations. La demande est donc bloquée, mais il est difficile de ne pas voir dans ce fait une volonté politique et même politiquement correcte.
 
Les dernières statistiques suédoises concernant la proportion de délits commis par des personnes nées à l’étranger remonte à 2005. Les Démocrates suédois, « populistes » – leur parti est aujourd’hui le troisième parti de Suède en termes de représentation parlementaire – estime important d’établir l’existence, ou non, d’un lien entre l’arrivée massive de migrants depuis 2015 et un sentiment d’insécurité qui ne cesse de monter.
 

Immigration et délinquance, le lien tabou

 
Le ministre de la justice, Morgan Johansson, a expliqué son refus à la presse : « Les données plus anciennes en Suède ainsi que de nombreuses études internationales ont toutes montrées à peu près la même chose. Les groupes minoritaires sont souvent surreprésentés dans les statistiques de la délinquance, mais lorsque l’on tient compte des facteurs socio-économiques cela disparaît presque entièrement. »
 
Autrement dit, la pauvreté serait la cause de la délinquance et il y a plus de pauvres parmi les minorités ethniques que dans le reste de la population.
 
C’est un économiste kurde en Suède, Tino Sanandaji, qui a contesté la pertinence de cette analyse, sans courir le risque de se voir traiter de raciste puisqu’il n’est pas autochtone… Pour lui, « il est illogique de nier la délinquance des migrants en invoquant l’argument selon lequel les migrants délinquants sont pauvres ». De fait, la chose est vraie en elle-même ou ne l’est pas. On rencontre le même type de raisonnement chez ceux qui font un lien entre terrorisme islamiste et pauvreté pour éviter d’incriminer l’islam – fût-ce au mépris de la réalité, puisque nombre d’islamistes radicalisés appartiennent précisément à des milieux plutôt aisés ou éduqués.
 

Le gouvernement Suède bloque des données – parce qu’elles donnent raison aux « populistes » ?

 
Mais la peur de paraître « raciste » explique la réticence du gouvernement suédois et des autres partis. Parmi les membres de ces derniers, seul l’élu centriste Staffan Danielsson a osé s’écarter de la ligne en avançant qu’il est « contre-productif » d’occulter ce type d’information. « Il y a eu des rapports en 1996 et en 2005. Cela fait 11 ans désormais et nous sommes confrontés à une immigration qui se trouve à un niveau totalement différent. Il y a des gens qui pensent qu’aucun Suédois ou presque ne commet des délits, et que seules les personnes nées à l’étranger en sont coupables. Apparemment cela n’est pas vrai. Je ne cherche à connaître que les faits. »
 
Il faut reconnaître que la réticence officielle ne saurait qu’alimenter l’idée selon laquelle les migrants commettent vraiment, en proportion, beaucoup plus de délits que le reste de la population.
 

Anne Dolhein