Le prétexte est tout trouvé : les autorités turques procèdent actuellement à l’expropriation d’une grande partie du centre de Diyarbakir pour le « protéger » des destructions provoquées par le conflit avec les Kurdes du PTK. Mais le résultat n’en est pas moins choquant : en confisquant les églises historiques de Diyarbakir, le gouvernement de la Turquie pose un acte évidemment antichrétien en même temps qu’il prive les propriétaires de plus de 6.000 demeures anciennes de leur bien.
Sont entre autre visées l’église Saint-Cyriaque des Arméniens apostoliques – la plus grande que ceux-ci possèdent au Proche-Orient –, l’église des Syriaques dédiée à la Vierge Marie, l’église Saint-Serge des Chaldéens, et encore des lieux de culte arméniens-catholiques et protestants.
Conflit kurde : le gouvernement de la Turquie en profite pour priver des chrétiens de lieux de culte
La nouvelle a été publiée par diverses sources parmi lesquelles la Gazette officielle du conseil des ministres, il ne s’agit donc pas d’une rumeur. C’est Adnan Ertem, fonctionnaire à la Direction des fondations religieuses, qui a précisé la « raison » des expropriations, motivées donc par le conflit kurde : les Kurdes tiennent Diyarbakir pour la capitale du Kurdistan turc et y forment d’ailleurs la majorité de la population.
Du fait de la mesure, toutes les églises chrétiennes de la ville sont aujourd’hui fermées au culte.
La directrice du service municipal du patrimoine culturel, Nevin Soylukaya, a encouragé les propriétaires des édifices expropriés à contester juridiquement les expropriations.
A Diraybakir, expropriation de toutes les églises du centre historique
Raffi Bedrossian, chroniqueur pour Armenian Weekly et membre de l’association pour la reconstruction de l’église Saint-Cyriaque, a annoncé que tout sera fait pour reprendre possession des lieux sacrés. « Tous les canaux légaux et politiques seront mobilisés en Turquie et sur le plan international pour mettre fin à ces vols légaux », a-t-il déclaré. L’église avait été consacrée le 22 octobre 2011, après une vaste entreprise de restauration soutenue par la municipalité qui était alors sous contrôle kurdes.
L’église arménienne-catholique de Diyarbakir a subi d’importants dégâts lors de heurts entre l’armée turque et des militants kurdes, a-t-on appris le 14 février dernier : elle se situe dans une zone ciblée par les autorités turques qui y a mené bien des opérations militaires. Dans toute la zone historique de Sur, les édifices anciens ont été largement détruits sous le feu des roquettes et des canons ; les églises ont subi moins de dégâts.
Que peut vouloir « sauver » le gouvernement turc qui ne s’était guère occupé de l’état des églises chrétiennes jusqu’alors ? Les diasporas des communautés chrétiennes orientales n’y croient pas du tout et dénoncent au contraire la mesure « fasciste » d’un gouvernement « inhumain ».