Les Britanniques ne parlent pas de « grand remplacement », mais les grands quotidiens conservateurs à très forte diffusion parlent de la chose sans la moindre gêne, mettant au centre de l’actualité un thème qui en France provoque des cris d’orfraie et des dénonciations de l’« extrême droite » à sa moindre évocation (sauf quand c’est Mélenchon qui en fait l’article). Le sujet a été à la une du Daily Mail – premier journal britannique par sa diffusion – et il est repris partout. Le Daily Telegraph titre ainsi : les Britanniques blancs formeront une minorité d’ici à 40 ans, selon une recherche menée par le Pr Matt Goodwin de l’université de Buckingham.
Plus précisément : avant 2065, la bascule se sera faite : la population autochtone – définie comme constituée des personnes n’ayant pas de parent immigré, passera sous la barre des 50 % (contre 73 % actuellement). Les personnes nées à l’étranger ou de parents eux-mêmes immigrés atteindront les 33,5 % d’ici à 25 ans. Et à la fin du siècle, en 2100, le rapport prévoit que six personnes sur 10 au Royaume-Uni seront nées ailleurs, ou auront au moins un parent immigré.
Le remplacement des Britanniques blancs par l’immigration de masse
Voilà pour l’ethnie. En ce qui concerne la religion, le rapport table sur le passage de la part des musulmans dans la population, évaluée actuellement à 7 %, à près de 20 % à la fin du siècle. Voire 25 %, précise Goodwin, si l’immigration musulmane est dans la fourchette haute – et près du tiers parmi les moins de 40 ans.
Le Pr Goodwin n’a travaillé que sur des données officielles et estampillées de l’Office national des statistiques britannique (ONS) et des recensements nationaux. Il pose sobrement le problème : cette nouvelle réalité pose selon lui des « questions de fond sur la capacité de l’Etat du Royaume-Uni à absorber mais aussi à gérer un changement démographique d’une telle importance ».
Son rapport note également que ces prévisions vont « faire naître beaucoup d’anxiété, de l’inquiétude et de la résistance politique » parmi de nombreux électeurs qui ont milité pour une baisse de l’immigration et un ralentissement du rythme de ce changement afin de sauvegarder « les symboles, les traditions, la culture et les façons de vivre du groupe majoritaire traditionnel ».
Et de plaider pour la prise en compte de leurs besoins et de leurs préoccupations qui méritent le « respect » – pour éviter « des troubles et de la polarisation dans les années à venir ».
Les Blancs condamnés à devenir une minorité au Royaume-Uni
Le ton reste très détaché, presque purement sociologique. Il n’en est que plus frappant lorsque Goodwin s’interroge sur la capacité de la Grande-Bretagne à « faire l’unité autour d’un sens partagé de l’identité, des valeurs, des modes de vie et de la culture, en évitant le risque très réel de nous voir devenir ce que Sir Keir Starmer a appelé, au mois de mai, “une île d’étrangers” » – au sens de gens étrangers les uns pour les autres.
Le grand remplacement est déjà effectif, cela dit, dans des grandes mégapoles britanniques que sont Londres et Birmingham, où le recensement de 2022 révélait déjà que les Blancs britanniques y étaient minoritaires. Dans la seule ville de Londres, la population étrangère a augmenté de près d’un million d’âmes au cours de cette dernière décennie.
Ces données actuelles, comme celles concernant le reste des îles britanniques, ont été utilisées pour faire des projections tenant en compte des facteurs comme le taux de natalité par groupe ethnique : à ce compte, les personnes nées à l’étranger ou de confession musulmane se sont vu attribuer une fécondité plus élevée que les autochtones.
A l’heure actuelle, la fertilité des femmes nées au Royaume-Uni est de 1,39 enfant par femme, contre 1,97 pour celles nées à l’étranger. Chez les musulmanes, on atteint 2,35 enfants par femme, contre 1,54 pour les non-musulmanes.
Le rapport estime aussi que les Blancs, britanniques ou non, seront dès en minorité au Royaume-Uni dès 2079. Les enfants qui naissent aujourd’hui auront alors 54 ans…
Tout ira beaucoup plus vite pour les jeunes Britanniques blancs
Si l’on s’intéresse aux jeunes générations, on comprend encore mieux le poids de ces changements. Dans une tribune publiée sous l’article du Telegraph, il note : « Tout cela se produira bien plus vite parmi les moins de 40 ans : les personnes nées à l’étranger et leurs descendants seront majoritaires parmi les jeunes en Angleterre dès 2062. » C’est-à-dire, lorsque les enfants qui naissent aujourd’hui auront 37 ans… Parmi les jeunes de l’an 2100, on ne comptera que 28 % de Blancs, estime-t-il.
Tout cela constituera évidemment le résultat de la « politique d’immigration de masse » mise en œuvre par les Tories comme par les travaillistes qui sera à l’origine de « changements énormes et historiquement sans précédent » au sein de la population.
Il conclut :
« D’ici à 2100, toujours à moins d’un changement radical, nos descendants directs vivront dans un pays où les Britanniques blancs ne représenteront plus qu’un tiers de la population, où les personnes ayant des racines profondes et anciennes dans ce pays ne représenteront plus que quatre personnes sur dix, contre huit sur dix aujourd’hui, tandis qu’entre un cinquième et un tiers de la population sera de confession musulmane.
« Enfin, il convient de souligner que, même si les projections démographiques sont complexes et doivent être considérées avec prudence, elles ont, au cours du dernier quart de siècle, plutôt sous-estimé que surestimé l’ampleur et le rythme des changements. »
Les faits sont bruts. Brutaux même. Mais au moins ont-ils été dits et largement diffusés. Ce n’est pas le cas partout…