Les déclarations très nettes du nouveau gouvernement grec contre la politique d’austérité européenne ont déjà commencé, une semaine à peine après les élections, à indisposer Bruxelles. Un peu partout en Europe, les politiques s’interrogent sur les actions, négociations, tractations à mener pour pallier la volonté d’Alexis Tsipras et de son gouvernement de rassurer les Grecs en s’opposant aux instances européennes. Il n’y aura donc pas eu d’état de grâce, le bras de fer a déjà commencé.
La question de la dette grecque agite tout particulièrement les esprits européens, à l’heure où l’on susurre qu’Athènes pourrait faire en sorte de rayer d’un trait de plume une somme qui représente aujourd’hui 175% de son PIB. Aussi les Européens se divisent-ils désormais en deux principaux groupes : ceux qui, comme la France, se disent favorables à une renégociation de la dette de la Grèce. Et ceux qui, derrière l’Allemagne, n’entendent pas assister les bras ballants à un transfert du fardeau grec aux autres pays de la zone euro.
Inquiétude sur la Grèce
Malgré cette inquiétude sourde, qui mine également les marchés, la Commission européenne entend garder confiance. Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a ainsi écarté mercredi toute « logique de confrontation » avec Athènes. Ce qui ne répond pas aux attentes des nouvelles autorités grecques. D’autant que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a néanmoins prévenu qu’il n’était « pas question » de supprimer la dette grecque.
Alexis Tsipras, le nouveau premier ministre grec, n’en a cure. Il a commencé à prendre quelques mesures concrètes, tant au niveau des salaires qu’à celui de l’emploi, pour prouver, à ses compatriotes comme à Bruxelles, que ses promesses n’avaient pas de visée qu’électorale.
Le bras de fer commence
Mieux ! Alors que ces mesures vont assez manifestement à l’encontre des mémorandums signés jusqu’ici par Athènes avec la troïka de ses créanciers, Georges Katrougalos, le nouveau ministre de la réforme administrative, n’a pas hésité à mettre les points sur les i en déclarant : « Nous, nous ne reconnaissons ni le mémorandum ni la troïka ! »
Autre exemple : les onze pays favorables à l’adoption d’une taxe sur les transactions financières – la fameuse TTF – ont décidé, à l’unanimité, nous dit-on, d’en fixer le lancement au 1er janvier 2016, la totalité de ces pays y étant favorables. La totalité moins un, la Grèce, qui depuis dimanche a évidemment changé de position.
On parle tout de même de « totalité », ça fait mieux. Si ensuite la Grèce prétend quitter la zone euro, personne ne s’étonnera de la puissance des mots…