Grève des trains : la France en a ras-le-bol
Chronique du 12 juin 2014         RITV Texte et Vidéo

Une dette de quarante-quatre milliards, un gouvernement qui propose une réforme en vitesse et à l’aveugle, des syndicats qui ne sont pas d’accord sur ce qu’ils veulent, une direction aux abonnés absents et les usagers qui paient les pots cassés. Devant cette grève des trains sans queue ni tête, la France en a ras-le-bol.
 
En 1997 Alain Juppé créait Réseau Ferré de France pour éponger la dette du secteur ferroviaire, l’équivalent de vingt milliards d’euros, et permettre SNCF, délestée de l’entretien des infrastructures, de faire des bénéfices. Les syndicats décidaient la grève des trains.
En 2014 Manuel Valls veut réunir les entités séparés pour créer un ensemble plus robuste dans le cadre de l’ouverture à la concurrence européenne en 2022, et résorber une dette qui s’élève maintenant à 44 milliards (L’Etat compte sur les collectivités locales pour en prendre une partie à leur charge). Les syndicats décident la grève des trains.
 
Ils ne sont pourtant d’accord sur rien. De son côté le gouvernement n’a pas la moindre certitude que sa réforme pourra faire avancer les choses.
Chose curieuse, l’Europe de Bruxelles était plutôt pour la réforme Juppé, elle est plutôt pour la réforme Valls.
 

Tous amateurs, syndicats et gouvernement : la France en a ras-le-bol

 
Le pays se sent pris en otage et c’est ce que cherchait le gouvernement, qui n’ose pas affronter les cheminots en face.
Dans cette affaire, on a entendu un grand silence, celui de Guillaume Pepy, le PDG de la SNCF, mieux connu pour son activisme politiquement correct et ses relations homosexuelles avec l’ancien patron de Sciences Po.
 
Comme ses prédécesseurs, il a su ne pas s’attaquer aux vrais problèmes qui se posent au rail français : la baisse de la conscience professionnelle, une vraie politique des tarifs, les innombrables sabotages camouflés en accidents, les attaques et le racket organisés sur une part du réseau, notamment dans le sud-est, la fraude massive, les contrôleurs ayant pour consigne de fermer les yeux pour n’être impitoyablement tatillons qu’avec le bon cochon de payant. Sans oublier une foule de reliquats de passe-droits et d’avantages acquis pour le personnel et sa famille que ne contrebalance plus nulle pénibilité particulière, pour reprendre le terme consacré.
 
La noblesse a décliné quand elle a failli à sa fonction : il fallait qu’elle perde les privilèges correspondants. A quand la nuit du 4 août pour la SNCF ? En attendant, la France en a ras-le-bol.