Le groupe écologiste à l’Assemblée nationale a explosé

Groupe écologiste Assemblée nationale explosé
 
En un nouvel épisode d’une dispute qui semble devoir constituer, désormais, l’essentiel de leur activité, les écologistes, tirant les conclusions de leurs désaccords, viennent de saborder leur groupe à l’Assemblée nationale. Si l’écologie parlementaire a ainsi explosé, c’est une fois encore, une fois de plus sur la question d’un positionnement vis-à-vis du gouvernement et de sa politique.
 
L’information en a été officiellement donnée dans un communiqué à en-tête du « groupe socialiste, républicain et citoyen ». Les six députés écologistes « réformistes » ont démissionné du groupe EELV pour rejoindre le groupe socialiste, mettant donc en accord leur positionnement avec leurs idées.
 

Le groupe écologiste a explosé

 
L’affaire débute il y a quelques jours dans les remous de la démission de la vice-présidence de l’Assemblée nationale de l’écologiste Denis Baupin, poursuivi pour harcèlement et agressions sexuelles.
 
C’est alors François de Rugy qui est choisi pour le remplacer à ce poste. Et c’est là que tout se complique. Car François de Rugy est, avec Cécile Duflot, coprésident du groupe écologiste, lequel décide que, du fait de ses nouvelles fonctions, il ne peut conserver cette coprésidence.
 
C’est alors que le fragile équilibre est détruit. Les divisions refont surface. Les réformistes, qui veulent soutenir l’action du gouvernement, proposent l’une des leurs, Véronique Massonneau, pour le remplacer à la coprésidence du groupe. Cécile Duflot et ses proches s’y opposent, désirant ne garder qu’une présidence unique.
 
Véronique Massonneau, député du Nord-Vienne, dénonce aussitôt un veto, contraire aux statuts de groupe, « votés par les deux sensibilités en octobre 2015 », qui veulent qu’il y ait « une coprésidence attribuée à chaque tendance ».
 
Foin de l’affaire Baupin, et des fonctions à l’Assemblée : ce qui ressort clairement de tout cela, c’est que l’opposition au sein de ce groupe sur la politique gouvernementale n’était pas viable.
 
C’est tellement clair que, dès jeudi, les réformistes (François de Rugy, François-Michel Lambert, Eric Alauzet, Paul Molac, Véronique Massonneau et Christophe Cavard) annonçaient quitter le groupe écologiste pour rejoindre le socialiste, profitant de la circonstance pour dénoncer la « dérive sectaire » d’EELV. « Entretenir et cultiver les divisons de la gauche serait plus qu’une erreur : ce serait une faute, une impasse. Ces constats nous conduisent aujourd’hui à faire œuvre de clarification et de rassemblement », affirment-ils encore, précisant avoir envoyé leur lettre de démission au président de l’Assemblée, Claude Bartolone.
 

L’Assemblée nationale possède un groupe socialiste renforcé

 
Ils formeront désormais au sein du groupe socialiste une composante « libre de ses positions » (mais dont on doute, compte-tenu des circonstances qui la provoquent, qu’elle fasse souvent défaut au gouvernement) sous la houlette de Véronique Massonneau, qui devient vice-présidente du groupe recomposé, qui en profite pour changer de nom. Il ne s’agit plus du groupe « socialiste, républicain et citoyen », mais désormais du « groupe socialiste, écologiste et républicain ».
 
Il était logique d’une part de conserver le terme de « socialiste » ; d’autre part, de ne pas abandonner le « républicain » face à Nicolas Sarkozy. C’est donc le « citoyen » qui fait les frais de l’opération, au profit de l’« écologiste ». Mais, dans l’idéologie de gauche, il ne semble pas y avoir là beaucoup de différences…
 
L’opération et le changement d’étiquette ont été si rapides que les proches de Cécile Duflot suspectent une manœuvre prévue de longue date. « Plus on s’approche de la présidentielle et plus on détruit méthodiquement toute tentative de candidature à gauche autre que celle de Hollande », réagissent-ils dans Libération.
 

Une solution écologiste ?

 
Quoi qu’il en soit, ne disposant plus de quinze élus, Europe Ecologie – Les Verts n’a techniquement plus de groupe. Sauf si Cécile Duflot, désormais seule présidente du groupe, parvient à convaincre cinq députés en délicatesse avec le groupe socialiste – et il n’en manque pas ! – de la rejoindre. On murmure les noms de Pouria Amirshahi et de Philippe Noguès, qui ont déjà quitté le groupe PS.
 
Si Cécile Duflot réussit son coup, elle et ses proches ne rejoindront pas les non-inscrits, mais constitueront un nouveau groupe écologiste. Se poserait alors une nouvelle question. Devenu socialiste, François de Rugy pourra-t-il conserver sa toute nouvelle vice-présidence, ou devra-t-il la céder, comme il serait alors logique, à un membre du nouveau groupe écologiste ?
 
La guerre écologique n’est peut-être pas terminée…
 

François le Luc