Hausse des assurances : ce que coûte le risque zéro

Hausse Assurances Risque Zéro
 

Le ministère de l’Economie et des finances vient d’autoriser les sociétés d’assurance à augmenter encore leurs primes afin, dit-on pour justifier cette hausse, de parer au risque de catastrophes naturelles. Les Français, dont le pouvoir d’achat se trouve rogné par une inflation que les folles dépenses de l’Etat pour le Covid (le « quoi qu’il en coûte » de Macron), vont se serrer un peu plus la ceinture pour payer la note. Au bout du compte, la peur constamment entretenue et le rêve d’un impossible risque zéro poussent la population à accepter des politiques arbitraires et dispendieuses et à en payer le prix. Il est faramineux.

 

Une hausse de toutes les assurances de tout type

Une hausse générale des primes d’assurance a été décidée, qui sera applicable au premier janvier 2025. Elle correspond à peu près à ce que demandaient la fédération des sociétés d’assurances de France, France Assureurs, et la Caisse centrale de réassurance (CCR). Aux dires des professionnels, elle devrait « remettre à l’équilibre » un système en déficit depuis 2015. La surprime pour se prémunir contre le risque de catastrophes naturelles, qui est aujourd’hui de 12 % pour les habitations, passera à 20 %. Les contrats professionnels d’assurance s’en trouveront affectés, mais aussi tous les contrats particuliers, habitation, banque, crédit, voiture.

 

Une hausse qui risque de s’accentuer encore

La facture « catastrophes naturelles », qui est aujourd’hui de 25 euros par an et par foyer, passera à 41, ce qui devrait mettre 1,2 milliard d’euros en plus dans la poche des assurances et leur permettre ainsi de suivre la hausse des sinistres. La facture des catastrophes naturelles dans le monde a bondi à 100 milliards d’euros, et la CCR estime qu’elle devrait croître de 40 % d’ici 2050, et de 60 % si l’on tient compte de ce que les assurés souhaitent assurer. Cela commence à faire cher aux Français moyens. Il ne s’agit pas ici de nier les catastrophes naturelles, elles existent. Ni de nier qu’il est bien naturel d’en aider les victimes, dont le préjudice excède l’ordinaire. Mais l’Etat joue en la matière un rôle ambigu et finalement malsain.

 

L’Etat coûte cher, décide, mais ne paie rien

Ce qui déclenche l’indemnisation des assurés est en effet une décision de l’Etat, qui prend un arrêté déclarant qu’on est en présence d’une catastrophe naturelle. C’est donc l’Etat qui décide des paiements, les justifiant par la solidarité nationale. Mais ce n’est pas lui qui les effectue. Il externalise les paiements sur des entreprises privées, qui en retour obtiennent de lui de relever leurs tarifs. Cela entraîne deux phénomènes. 1. L’Etat masque les dépenses qu’il ordonne, cette masse d’argent n’entre pas dans ses budgets, il peut se présenter comme économe et vertueux. 2. Ainsi débarrassé de tout contrôle sérieux, il peut, se prévalant à la fois de la solidarité et de la nécessité économique, augmenter indéfiniment le coût du quoi qu’il en coûte. Alors que le bon sens voudrait que les Assurances couvrent moins les sinistres et que l’argent public soit employé à la prévention, interdiction de construire dans les zones dont on sait qu’elles seront touchées par les catastrophes naturelles, amélioration de la gestion des cours d’eau.

 

Zéro risque, zéro débours, mais une addition salée

Deux considérations de morale politique lui permettent de masquer ce tour de passe-passe. D’abord, il agit implicitement au profit de l’environnement : si les catastrophes naturelles sont plus fréquentes et plus graves, c’est, dit-on, à cause du réchauffement du climat. Ensuite, il agit explicitement au nom de la solidarité et de la justice sociale, tout citoyen ayant droit à l’égalité devant la Nature et ses sautes d’humeur. Et il flatte l’habitude prise par les Français de se reposer sur l’Etat providence. Le COVID, son confinement, ses masques, ses vaccins, ont nourri l’illusion qu’en échange d’une soumission absolue à un pouvoir arbitraire, ils pouvaient courir un risque voisin de zéro pour leur santé, en même temps qu’un débours zéro, l’Etat prenant en charge un système d’indemnisation étonnant.

 

Catastrophes ou Covid, le « quoi qu’il en coûte » coûte cher

Aujourd’hui, la même prétention se dessine face aux catastrophes naturelles. Le ciel nous tombe sur la tête, mais demain grâce aux indemnités, la vie reprendra comme si de rien n’était. Or, dans un cas comme dans l’autre, c’est une parfaite illusion. Malgré les milliards de l’Etat lors du COVID, de nombreuses entreprises, par exemple des restaurants, ont dû fermer à cause de l’évolution des comportements.

De même, au lendemain des inondations, malgré les compensations financières, beaucoup de ceux qui avaient tout perdu, on pense en particulier à des agriculteurs, ont-ils eu le choix entre recommencer à zéro et abandonner. La politique du quoi qu’il en coûte déplace les problèmes, elle ne les résout pas. Et son coût est exorbitant.

 

Pauline Mille