Haute finance : la Bank of England sous le coup d’une enquête à propos d’adjudications de liquidités

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La Banque centrale d’Angleterre – la Bank of England – est sous le coup d’une enquête par la Serious Fraud Office (Office des fraudes graves) et porte sur des transactions réalisées au plus fort de la crise financière en 2007 et 2008. Il s’agit de déterminer si les hauts responsables de la BoE étaient au courant d’irrégularités lors d’adjudications de liquidités qui auraient fait l’objet d’ententes illégales.
 
Il s’agit clairement d’une attaque contre la Haute finance, dont la Banque centrale d’Angleterre est l’un des plus forts symboles. Traditionnellement liée à la famille Rothschild, Nathan (1777-1836) est ainsi soupçonné d’un délit d’initié à l’occasion de la bataille de Waterloo. Prévoyant la victoire britannique sur les troupes de Napoléon, il s’arrangea en outre grâce à un système de courriers pour d’être informé avant quiconque, non sans avoir semé la panique dans les rangs des investisseurs en vendant ses obligations anglaises. La chute vertigineuse des cours lui permit, dit-on, de racheter l’ensemble à bas prix, et de multiplier ses avoirs par vingt en trois jours, une fois la victoire anglaise connue.
 

La Bank of England, nationalisée et au cœur de la haute finance

 
La Bank of England a été nationalisée en 1946, mais pour autant elle est indépendante et fortement liée aux autres banques qui représentent l’essentiel de ses richesses : ce sont elles qui « empruntent » la monnaie créée à partir de rien par la BoE et qui lui versent ensuite les intérêts correspondants. C’est dire son importance dans les dispositifs de la Haute finance – pas seulement britannique.
 
Qu’elle soit aujourd’hui sur la sellette marque la véritable mise au pas infligée au monde de la Haute finance et qui se manifeste dans les multiples enquêtes et amendes dont les grands établissements sont victimes dans le monde depuis la crise des subprimes.
 
L’actuelle enquête déclenchée contre la Bank of England vise des ventes aux enchères de liquidités dont l’objectif était de remettre des fonds dans le système financier mondial pour éviter un krach mondial : les taux d’intérêt étaient au plus bas, parfois même négatifs. Une enquête menée l’an dernier par Lord Grabiner au Royaume-Uni révélait que plusieurs banques avaient mis en place une entente sur les marchés des changes (Forex). En novembre 2014, la BoE se débarrassait de Martin Mallet, licencié pour « mauvaise conduite grave » dont la nature n’a pas été rendue publique. Pour Grabiner, sa faute aurait pu être constituée par le fait qu’il n’a pas averti sa hiérarchie de l’entente à laquelle la Banque centrale anglaise avait pu participer.
 

Ententes illégales : un sérieux coup à la réputation de la Banque d’Angleterre

 
Grabiner avait blanchi la BoE dans l’affaire des ententes illégales. Mais l’affaire refait surface ; la question de savoir quelles responsabilités sont en cause reste ouverte. Il peut en effet s’agir de hauts responsables de la Bank of England comme de traders en marge. La Banque elle-même assure avoir tenu l’Office des fraudes graves au courant et avoir elle-même chargé Lord Grabiner de mener son enquête l’an dernier. Son gouverneur, Mark Carney, affirmer avoir découvert 50 cas de manipulation du marché ; 42 de ces affaires ont été remis au « chien de garde » de la City qui enquête à son tours sur plusieurs d’entre elles.
 
Quelle que soit l’issue la réputation de la Banque centrale en prend un coup, et publiquement. C’est en soi inédit.