Les foulards étaient gratuits jeudi dernier au ministère des affaires étrangères du Royaume-Uni : à l’initiative de hauts fonctionnaires du Foreign Office, toutes les collaboratrices travaillant à Whitehall ont été invitées à revêtir le hijab islamiques à l’occasion de la Journée mondiale du hijab, histoire de mieux faire comprendre les raisons pour lesquelles de nombreuses femmes musulmanes choisissent de le porter. La colère ne retombe pas en Grande-Bretagne où la presse tabloïde de droite donne de nombreux détails sur cette initiative interne mais à dimension forcément publique, vu son cadre.
Publique, aussi, parce que peu ou prou tout cela a été payé par l’argent du contribuable.
C’est par un courriel interne adressé à tous les employés du Foreign Office que l’événement, prévu pour le 1er février entre midi et 14 heures sur le site principal du ministère, a été annoncé en ces termes : « Aimeriez-vous essayer le hijab ou comprendre pourquoi les femmes musulmanes portent le foulard ? Venez rejoindre notre événement ouvert à tous. Foulard gratuit pour toutes celles qui choisissent de le porter ce jour-là ou pendant une partie de cette journée. »
A l’occasion de la Journée mondiale du hijab, des foulards gratuits au Foreign Office
Il ne s’agissait pas du tout de faire découvrir la contrainte que peut représenter le port du voile, surtout lorsqu’il est imposé de manière tyrannique. Le courriel précisait : « Les femmes musulmanes, tout comme les fidèles de beaucoup d’autres religions, choisissent de porter le hijab. Elles sont nombreuses à trouver libération, respect et sécurité parce qu’elles le portent. #StronginHijab. Rejoignez-nous pour la #WorldHijabDay. » Mais l’un des principaux objectifs restait de faire découvrir la « discrimination » éprouvée, selon les organisateurs mondiaux de cette journée, par les femmes qui portent le voile dans des pays non musulmans, et de faire donc porter le hijab par des non musulmanes – tout un symbole.
La singularité de l’initiative britannique est évidemment constituée par son caractère quasi officiel, au sein d’un ministère qui est au cœur des relations du pays avec le reste du monde. Sur place, des posters prêchaient le message : « Le hijab, c’est aussi la manière dont on marche, parle, regarde et pense. Tout cela doit être fait de manière modeste et cela vaut aussi bien pour les hommes que pour les femmes. » Et tant pis si le voile islamique est avant tout un moyen pour les hommes de soustraire leurs femmes au regard forcément concupiscent.
Au Royaume-Uni, propagande officielle pour le hijab
L’événement a été particulièrement critiqué dans la mesure où il a coïncidé cette année avec les manifestations contre le voile à Téhéran, alors qu’on apprenait le lendemain que la police iranienne avait arrêté 29 femmes pour être parues en public sans leur foulard, puisque la loi des talibans les oblige depuis 1979 à ne sortir que couvertes de la tête aux pieds.
Exemple parfait de gestion de crise maladroite, un porte-parole du Foreign Office a défendu l’initiative en déclarant : « C’était un événement interne destiné aux membres du personnel londonien désireux d’avoir une meilleure compréhension des différents problèmes culturels et sociaux auxquels ils pourraient être confrontés en travaillant à l’étranger. »
Absurde : toute la philosophie de la Journée mondiale du hijab consiste à en faire la promotion. Et précisément, à l’étranger, dans les pays où il est communément porté, on ne le considère pas du tout comme « problème »…
Ce que l’on ne dit pas, lors de tels événements, c’est que les femmes musulmanes et plus encore les hommes musulmans dans les pays chrétiens où la coutume de se couvrir, pour les femmes, a disparu, considèrent le port du voile comme une manière d’affirmer et d’imposer leur religion. Manière de marquer le territoire et de rappeler que l’islam n’est pas seulement une foi, mais un système politique et légal à part entière.