Dans trois discours prononcés chez Goldman Sachs qui couronnent dix ans de collaboration avec la grande banque d’affaires US, Hillary Clinton se présente comme son partenaire au gouvernement. L’aveu officiel d’une collusion constitutive entre finance et révolution.
Des liens de plus en plus étroits et avoués entre les milieux d’affaire et les dirigeants politiques caractérisent les démocraties occidentales, qui deviennent ainsi ouvertement des ploutocraties. Mais cela ne passe pas encore très bien dans le grand public. Ainsi l’ancien premier ministre portugais, Jose Manuel Barroso, qui fut président de la Commission européenne de 2004 à 2014, subit-il les critiques de François Hollande et Jean-Claude Juncker, son successeur, lorsqu’il entra en 2016 au conseil d’administration de Goldman Sachs. Encore était-il retiré des affaires politiques. Le cas d’Hillary Clinton, candidate à l’élection présidentielle de novembre, paraît plus délicat encore : car c’est peut-être la future tête de l’exécutif US, et elle est sous l’influence de Goldman Sachs depuis de nombreuses années. La récompense pour services rendus, c’est-à-dire collusion passée, est moins inquiétante que la promesse de collusion à venir, voire de corruption permanente, caractéristique de la personnalité politique d’Hillary Clinton.
Hillary Clinton obligée de Goldman Sachs : c’est officiel
Le soutien de toute la caste médiatique et politique américaine a dû faire perdre la raison, ou du moins la mesure, à Hillary Clinton. Assurée d’une campagne de presse sans précédent contre son concurrent Donald Trump, assortie de défections orchestrées chez les Républicains, la candidate démocrate n’a pas suffisamment veillé à empêcher les fuites concernant ses liens avec le gros business et la haute banque. C’est ainsi qu’on peut s’apercevoir qu’elle entretient des rapports de dépendance avec Goldman Sachs depuis plus de dix ans, et qu’elle les revendique cyniquement.
Un exemple ? A la pose de la première pierre du nouveau siège social de Goldman Sachs dans le « lower » Manhattan, elle s’est dite « fière » d’avoir contribué à garantir 20 milliards de dollars au projet de reconstruction de la zone : « De grands employeurs comme Goldman Sachs ont besoin de savoir qu’ils ont un partenaire au gouvernement (…) »
Les banquiers ont une partenaire au gouvernement US
Depuis, les liens entre Hillary Clinton et la banque d’affaire se sont resserrés sans cesse. Le responsable du budget de sa campagne, Dan Beksha, est vice-président de Goldman Sachs. Et en 2013, elle a donné trois conférences pour Goldman Sachs devant chaque fois un parterre de banquiers et de dirigeants de grosses entreprises, le 4 juin, le 24 octobre et le 29, pour une rémunération totale de 675.000 dollars. On y trouve des perles. En politique étrangère, celle qui fut un secrétaire d’Etat US extraordinairement belliciste, en Libye par exemple, promet d’être un président tout aussi conforme aux intérêts du complexe militaro-industriel en « entourant la Chine d’un cercle de missiles ». Mais c’est quand elle parle de finance qu’elle est vraiment passionnante. Elle tient en effet pour l’autorégulation de Wall Street. En ce qui regarde plus généralement la bourse, elle préconise que l’Etat US travaille « avec la matière grise et le pouvoir financier qui existe ici ». Mais le grand moment de ces confidences aux banquiers est sans doute cette phrase : « Je vous ai tous représentés pendant huit ans ». On ne saurait mieux dire, ni plus simplement.
Hillary Clinton partenaire du gouvernement mondial
On peut dire en quelque sorte qu’Hillary Clinton a fait son « coming out », c’est-à-dire, en américain, qu’elle avoue ce qu’elle est profondément. C’est parfaitement conforme au stade actuel du processus mondialiste, où des choses masquées jusqu’ici par prudence sont affichées au grand jour, comme proclamées, officialisées dans un geste de domination. La démocratie ne se cache plus d’être une ploutocratie.
Cette phase a commencé avec l’institution de la BCE, qui a inauguré l’ère de la toute puissance des banques centrales indépendantes des Etats, et de ce fait supérieures aux Etats. Nul ne se demande de quel droit la banque centrale européenne (dont le président est Mario Draghi, comme par hasard un ancien de Goldman Sachs) a été définie comme indépendante des Etats de l’Union, alors que battre monnaie a toujours été un privilège régalien ! Les taux monétaires aberrants qu’elle a pratiqués et la planche à billet qu’elle a fait fonctionner sous le nom de quantitative easing ne sont que deux conséquences désastreuses d’un principe faux et mortifère : l’abandon de la souveraineté à une entité supranationale, par le biais de la banque.
Goldman Sachs, la finance US et la révolution mondiale
Le phénomène est encore plus grave aux Etats-Unis où la FED, la banque centrale US, est privée, les banquiers associés touchant des intérêts sur l’énorme masse monétaire qu’ils créent. Et les rapports incestueux qu’Hillary Clinton entretient avec Goldman Sachs sont d’une indécence rare.
Il ne suffit pas cependant de les juger scandaleux, il faut en comprendre la logique profonde. Hillary Clinton n’est pas une exception. Partout dans le monde les militants mondialistes, socialistes souvent (voir Macron, Hollande), collaborent activement avec la haute finance. C’est quelque chose qui n’est pas nouveau, qui remonte à la création de l’URSS, URSS à laquelle l’élite du business US a toujours été fidèle. Hillary Clinton, disciple du radical Saül Alinski, elle a fait sa thèse sur lui et en est resté proche par la suite, est et demeure, même si elle et son mari se sont gavés d’argent, une révolutionnaire, une de ces révolutionnaires par le haut qui préfèrent faire la révolution par les banques qu’en marchant dans la rue. Ce que dit, ce que fait Hillary Clinton n’a rien d’extraordinaire ni d’anormal. C’est au contraire parfaitement normal : c’est conforme à la collusion permanente de la haute finance et de la révolution, conjuguée au pillage de l’argent public.
Devant les voleries imputées à Fouquet, qui étaient pourtant bien anodines à côté de ce qui se passe aujourd’hui, on prête à Louis XIV le mot suivant : « Ne leur ferons-nous pas rendre gorge ». Il y a des moments où l’absence de Louis XIV se fait cruellement sentir.
Pauline Mille