Il n’y a jamais aussi peu de naissances, en France, depuis 1945. Et la dernière décennie aux Etats-Unis marque le taux de croissance le plus faible depuis la Grande Dépression des années 1930. Des chiffres à la symbolique forte qu’ont notée quelques médias, mais qui n’empêchent toujours pas la grande peur des mal-pensants, celle de la surpopulation. Pourtant, le spectre de la bombe démographique a fait long feu. Cette population pourrait décroître beaucoup plus rapidement que prévu. La vraie leçon est qu’elle vieillit dangereusement et que les générations ne se renouvellent plus dans les pays industrialisés. Les taux de natalité et de fécondité s’effondrent. Et la seule bonne idée du FMI est de favoriser toujours plus l’immigration. Les pays du Nord ne feront-ils jamais plus d’enfants ?
La crise démographique des pays du Nord
Les données récentes du Bureau du recensement des Etats-Unis indiquent que la population mondiale, augmentée de 75 millions de personnes, a franchi la barre des 8 milliards, même si l’ONU disait que c’était déjà le cas en 2022… Peu importe après tout. Chaque nouvel an, la peur de la surpopulation réapparaît – et nous est resservie, du reste, tout au long de l’année.
Seulement, aujourd’hui, l’horizon affolant d’une explosion démographique mondiale s’est dissipé. Puisque la baisse actuelle de la fécondité, déjà très visible à l’échelle mondiale, mettra fin à la croissance de la population mondiale plus tôt que prévu… Si chaque pays industrialisé a son histoire, tous sont aux prises avec des taux de fécondité de plus en plus faibles. Un peu comme s’ils s’effondraient à proportion que le développement industriel s’accentuait. De quoi se poser quelques questions, comme le fait le site Breitbart.
Cette crise démographique est particulièrement visible en Chine où le gouvernement n’a pas réussi à changer les mentalités marquées par la politique brutale de l’enfant unique. Le pays avait débuté l’année 2023 en admettant son premier déclin démographique depuis la vague de meurtres de masse du président Mao dans les années 1960, autrement nommée le « Grand Bond en avant » (mais selon certains démographes, ce déclin a été amorcé dès 2020).
Elle est aussi criante en Corée du Sud où le ministre de la justice a évoqué, début décembre, une « extinction » possible du pays si une nouvelle politique d’accueil migratoire n’était pas mise en place : son taux de fécondité, de 0,7 enfant par femme, est actuellement le plus bas du monde. Les cliniques pédiatriques et les jardins d’enfants y ferment, les uns après les autres.
Quant au Japon, il a signalé en 2023 que toutes ses préfectures, sauf une, étaient toujours en déclin, certaines perdant 30 à 50 % de leurs effectifs. La population nationale devrait encore diminuer de 17 % au cours du prochain quart de siècle. Seule la préfecture de Tokyo devrait connaître une croissance d’ici à 2050… pour l’unique raison que les résidents âgés affluent naturellement vers les grandes villes.
En 10 ans, 300 bébés de moins par jour, en France
Ces trois exemples sont intéressants dans la mesure où les pays asiatiques en déclin ont tendance à être culturellement homogènes et ont des taux d’immigration très faibles. On peut donc y apprécier la véritable évolution démographique des pays industrialisés sans l’apport migratoire important qui a lieu, par exemple, en Europe et qui cache une part certaine de la réalité, et en dépit des facteurs historiques de chacun (le Japon ou la Corée du Sud n’ont pas connu la violente politique chinoise antinataliste).
Si l’on regarde vers l’Occident, on y lit bien sûr la même crise, bien que les chiffres finaux soient effectivement confortés par l’immigration. Les dernières données publiées, en France, par l’INSEE font état d’un recul criant de la natalité, avec une baisse de près de 7 % des naissances pour 2023 : moins de 700.000 naissances contre plus de 800.000 il y a dix ans. Ces chiffres n’ont jamais été vus depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale – et la France est le pays le plus fécond d’Europe. Outre-Atlantique, le Bureau du recensement américain voit « un excès de décès par rapport aux naissances » dans tous ses scénarios à venir, au cours des trois prochaines décennies.
On observe également, autant à l’Orient qu’à l’Occident, que les autorités ont beau tenter d’y renverser la vapeur, en favorisant la natalité par des politiques diverses et des encouragements tangibles, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Les subventions incroyablement généreuses de Singapour pour l’éducation des enfants, par exemple, n’ont eu que peu d’effet sur les taux de fécondité.
Pourquoi ? Parce que la post-modernité occidentale a sacralisé le confort individuel. De l’épanouissement personnel à l’accumulation de richesses tangibles, il en a fait un Graal obligé. Les couples ne sont plus prêts à sacrifier leur style de vie et leurs ambitions professionnelles, d’autant que l’avortement et la contraception leur ont facilité les choses et que les grandes instances internationales sapent toute confiance en l’avenir, en agitant régulièrement de grandes peurs récurrentes.
Résoudre le problème de la natalité de la population mondiale
Un article du Fonds Monétaire International s’inquiétait en juin dernier de ce vieillissement inexorable et rapide de la population des pays industrialisés, résultant du recul de la fécondité et des progrès de la longévité. Mais que croyez-vous qu’il préconise ? Un relancement de la natalité ? Que nenni. Du sport pour tout le monde comme a dit l’OMS, l’apport de la technologie, les soins à la santé mentale… et surtout l’assouplissement des politiques de restriction en matière de politique migratoire pour que les ressortissants des pays sachant encore faire des enfants puissent pallier le manque.
Car les pays du Sud affichent toujours, pour le moment, des taux de fécondité et de natalité importants : les taux les plus élevés se trouvant en Afrique où les forces culturelles encourageant la fécondité sont fortes, les enfants nécessaires comme simple ressource en main-d’œuvre et le coût de leurs besoins, de leur éducation, minime.
Il est certain que, dans tous les systèmes de protection sociale dans le monde reposant sur une population croissante de jeunes travailleurs générant des recettes fiscales pour financer les prestations des personnes âgées, des problèmes arriveront sous peu.