Steven Mosher, du Population Research Institute, annonce une dénatalité inédite dans le monde entier, Afrique comprise

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Fondateur et président du Population Research Institute qui combat le mythe de la surpopulation, Steven Mosher vient de publier une tribune pour expliquer que The Population Bomb, le livre par lequel Paul Ehrlich annonçait l’apocalypse démographique au début des années 1970, est totalement contredit par les faits : c’est la bombe de la dénatalité et de la dépopulation qui menace aujourd’hui le monde entier, y compris l’Afrique. Pour le plus grand plaisir de certains… D’autres faisaient déjà un constat analogue en 2018. Voici la traduction intégrale de l’article de Steven Mosher.

J.S.

 

Steven Mosher annonce l’effondrement démographique mondial

La bombe démographique a fait pschitt.

Nous savons depuis des décennies que l’Europe et l’Amérique du Nord se mouraient et que la Chine commettait un suicide démographique en s’engageant dans une politique de l’enfant unique. Au cours du dernier quart de siècle, la plupart des pays du reste du monde, y compris l’Amérique latine et le reste de l’Asie, leur ont rapidement emboîté le pas.

Toutefois, les taux de natalité en Afrique sub-saharienne sont restés élevés, et les adeptes du Population Bomb se sont emparés de ce fait pour justifier la poursuite de leur guerre contre les êtres humains. Ce rassemblement hétéroclite de partisans du contrôle des populations avides d’argent, d’écologistes radicaux et de féministes antinatalistes s’est appuyé sur les taux de natalité élevés dans des pays comme le Nigeria pour affirmer qu’il fallait continuer à faire avorter, à stériliser et à répandre la contraception dans le monde entier.

Leur argumentaire de levée de fonds était très simple : à moins de vouloir deux milliards d’Africains de plus sur la planète, il fallait continuer à injecter des milliards dans leurs programmes. Le racisme implicite était palpable.

Le seul problème que pose leur discours est celui-ci : le taux de natalité, même sur le continent africain, est en train de chuter plus fortement et plus vite qu’on ne l’aurait jamais imaginé. Même le plus excessif des prophètes de la surpopulation commence aujourd’hui à tempérer son discours.

Prenez le Club de Rome. Il n’y a pas si longtemps, ce groupe maçonnique, basé dans la capitale italienne, avertissait que la fin était proche. La croissance démographique et la consommation des ressources incontrôlées allaient conduire à un effondrement économique en l’espace de quelques décennies, prédisait le Club dans son best-seller de 1972, The Limits to Growth (Les limites de la croissance).

 

La dénatalité plutôt que la « bombe démographique »

Aujourd’hui, le Club de Rome laisse entendre que la bombe démographique pourrait ne jamais exploser. Il reconnaît même que la population de l’Afrique subsaharienne pourrait atteindre son maximum dès 2060, puis commencer à décliner, suivant le reste du monde dans la sénescence démographique, c’est-à-dire le vieillissement et la mort.

L’ONU, quant à elle, n’est pas tout à fait prête à abandonner son activité lucrative de contrôle de la population. Cela s’explique en partie par le fait que les mondialistes aux commandes se réjouiraient d’une réduction drastique de la population mondiale. Cela s’explique également en partie par le fait que l’agence de contrôle démographique des Nations unies, l’UNFPA, a récolté pendant des décennies des sommes considérables grâce au mythe de la surpopulation. Si elle publiait avec précision les nouveaux chiffres, son financement se réduirait comme peau de chagrin.

Mais même les projections démographiques de l’ONU sont revues à la baisse, progressivement et à contrecœur, pour refléter cette nouvelle réalité. Le pays le plus peuplé d’Afrique, le Nigeria, a longtemps été considéré comme l’horrible exemple d’une croissance démographique incontrôlée. Il y a dix ans, les Nations unies prévoyaient que la population du Nigeria atteindrait 900 millions d’habitants en 2100. Ses dernières estimations ont revu ce chiffre à la baisse en y retranchant 350 millions – et elles sont encore trop élevées. Selon toute vraisemblance, la population du pays, qui s’élève actuellement à 213 millions d’habitants, doublera d’ici à 2060, puis commencera à décliner.

 

L’Afrique, et même le Nigeria, en proie à une natalité en forte baisse

The Economist, qui au fil des ans a largement participé au battage médiatique sur la surpopulation, a récemment publié un article critiquant les dernières projections de l’ONU, estimant qu’elles « ne suivent pas le rythme de la baisse rapide des taux de fécondité ». Le nombre moyen d’enfants par femme attendu diminue rapidement, comme le montrent un certain nombre d’enquêtes récentes.

The Economist écrit ainsi : « Le cas le plus remarquable est celui du Nigéria, où une enquête réalisée en 2021 sous l’égide des Nations unies a révélé que le taux de fécondité était passé de 5,8 enfants par femme il y a cinq ans à peine, à 4,6 enfants par femme. Ce chiffre semble être largement confirmé par une autre enquête, cette fois parrainée par l’USAID, l’agence d’aide américaine, qui a constaté un taux de fécondité de 4,8 en 2021, alors qu’il était de 6,1 en 2010. »

Une tendance similaire semble se dessiner dans certaines régions du Sahel, où les taux de fécondité restent parmi les plus élevés d’Afrique, et dans les régions côtières d’Afrique de l’Ouest. Au Mali, par exemple, le taux de fécondité est passé de 6,3 à un niveau, toujours élevé, de 5,7 en six ans. Au Sénégal, le taux de 3,9 constaté en 2021 correspond à un bébé de moins par femme qu’il y a un peu plus d’une décennie. Il en va de même pour la Gambie, où le taux a chuté de 5,6 en 2013 à 4,4 en 2020, et pour le Ghana, où il est passé de 4,2 à 3,8 en seulement trois ans.

Ce qui se passe est tout sauf un mystère. L’Afrique de l’Ouest suit le même chemin que le reste du monde, en effectuant sa propre « transition démographique », passant d’un taux de natalité élevé à un taux de natalité faible. Il n’y a jamais eu de raison de s’attendre à ce que les parents africains se comportent différemment des parents européens, asiatiques ou latino-américains. Dès lors que les taux de mortalité infantile et juvénile ont commencé à baisser, comme c’est le cas en Afrique depuis quelques décennies, les parents ont naturellement choisi d’avoir moins d’enfants.

Comme PRI le dit depuis un certain temps déjà, la population mondiale atteindra son apogée vers 2050, à moins de 9 milliards d’habitants.

 

La bombe de la dénatalité : 1,54 enfant par femme dans le monde en 2050

Ce qu’il adviendra de la population mondiale après 2050 dépendra des choix de fécondité de ceux qui ne sont pas encore nés, et il est impossible de faire des prévisions précises à ce sujet. Mais toutes les tendances actuelles sont à la baisse. En 1970, les femmes du monde entier avaient en moyenne 5 enfants. Ce chiffre est tombé à 2,6 en 2002 – ce qui n’est pas très éloigné du taux de fécondité de remplacement de 2,3 – et il devrait tomber à 1,54 enfant par femme d’ici à 2050.

Mais qui peut dire que cela s’arrêtera là ? Sous l’influence de forces économiques, politiques et culturelles puissantes, quoique partiellement occultes, la famille à enfant unique semble en passe de devenir une norme universelle dans de nombreux pays. Des poches de fécondité plus élevée, fondées sur des motivations religieuses et des valeurs traditionnelles, subsisteront. Mais, comme au Japon ou en Allemagne aujourd’hui, la plupart des familles s’arrêteront à un seul enfant. Le nombre de personnes âgées montera en flèche et la population mondiale sera en chute libre.

Tel est le véritable problème démographique.

 

Par Steven Mosher, traduction de Jeanne Smits