L’Etat dégagera deux milliards d’euros supplémentaires pour tenter d’enrayer la hausse du chômage. Telle est l’annonce faite lundi à Paris par François Hollande, qui a notamment dévoilé une nouvelle prime à l’embauche et des mesures de soutien à la formation et à l’entreprenariat. Un nouveau plan emploi plein de vieilles recettes…
Le débat n’est pas neuf : cela fait quarante ans qu’il est sur la table de travail des chefs d’Etat successif… et que la situation se dégrade. En 2016, la situation n’a jamais été aussi catastrophique, et ce d’autant plus que notre économie est bien plus dégradée qu’elle ne l’a jamais été. La France a d’ailleurs emprunté, ce lundi, plus de 6,5 milliards sur les marchés à court terme. Aussi le président de la République a-t-il précisé que ce plan serait financé par des économies budgétaires. Economies dont on attend, pour l’heure, le détail…
Un plan emploi de deux milliards d’euros
En attendant, François Hollande veut donc « redéfinir notre modèle économique et social », car, explique-t-il, « entre le libéralisme sans conscience et l’immobilisme sans avenir, il y a une voie ». Bonne nouvelle !
Mais qu’en est-il en pratique ? Pour doper la création d’emplois, les entreprises de moins de 250 salariés qui embaucheront un jeune ou un demandeur d’emploi en CDI ou en CDD d’au moins six mois recevront une aide de 2.000 euros par an pendant deux ans. Tel est l’un des principaux points de la réforme, mis en place immédiatement pour les salariés payés entre un et 1,3 smic embauchés entre ce lundi et le 31 décembre 2016, précise l’Elysée.
Cette mesure se verra attribué l’un des deux milliards évoqués, ce qui signifie qu’elle devrait permettre la création de 250.000 emplois.
Dans l’esprit de François Hollande, dont la logique, on le constate une fois de plus, relève bien du socialisme pur jus. Il faut, en effet, être un idéologue pour ne pas comprendre qu’une entreprise embauche lorsqu’elle a, d’une part, besoin d’embaucher – parce qu’elle développe ses activités ou ses ventes ; et, d’autres part, les moyens de le faire. Un patron n’embauche pas parce qu’il est payé par l’Etat ; d’autant que le calcul ne lui est guère profitable : 1 à 1,3 smic par mois (le smic étant à près de 1.500 €) pour se voir verser 2.000 € par an pendant deux ans…
De vieilles mesures inefficaces et même nocives
L’autre milliard d’euros débloqué doit contribuer à porter le nombre de formations de chômeurs supplémentaires à 500.000 cette année. Parce que « l’apprentissage doit être une grande priorité ».
François Hollande s’est contenté de développer quelques idées générales sur le sujet. « Le reste, a-t-il souligné, c’est-à-dire l’application, sera renvoyé à la négociation collective. »
Une fois de plus, François Hollande se défausse sur la réalité. « Je rappelle, poursuit-il, qu’en France la durée d’indemnisation est la plus longue d’Europe, mais la durée de formation des chômeurs est la plus courte. C’est ce qu’il faut changer. »
Bien ! Mais comment ?
« C’est la responsabilité des organisations d’employeurs et de salariés, je leur fais confiance pour aboutir à la signature d’une nouvelle convention sur ces bases : tout faire pour que le retour vers l’emploi soit encouragé », poursuit-il.
François Hollande contre le chômage…
En réalité donc, le chef de l’Etat sort un milliard pour former 500.000 chômeurs, sans trop s’intéresser aux tenants et aboutissants. Le seul intérêt immédiat, c’est que cela devrait lui permettre de faire chuter, artificiellement parce que rien ne dit que ces formés ne seront pas de retour rapidement dans les listes de Pôle Emploi, les chiffres du chômage. Et lui permettre ainsi de se représenter sans trahir sa promesse actuelle…
Il pourra donc ainsi se représenter, et espérer compter, à coût de milliards, sur quelques centaines de milliers de voix favorables supplémentaires.
Mais on peut être rattrapé par la réalité. Parce que tout cela, pour l’heure, ne correspond, sauf pour les milliards qui seront sortis, qu’en un maquillage de chiffres : ceux du chômage.
François Hollande essaye de protéger son emploi
Ensuite, ces mesures sont, à rebours des critiques syndicales, du socialisme le plus pur. De l’étatisme permanent. Depuis quand est-ce l’Etat qui crée les emplois – hormis ceux des fonctionnaires ? Et l’étatisme n’a jamais fait une économie, mais bien les sociétés qui produisent, et qui, dans ce recyclage de vieilles formules, vont se trouver encore étouffées.
Sans compter que, par ce système fondé sur le smic, on paupérise davantage encore la classe moyenne et les pauvres, en tirant le niveau des salaires vers le bas.
A terme, c’est le pouvoir d’achat qui en pâtira, et la consommation. Bref ! le cycle de la pauvreté et du chômage n’a pas finit de tourner. Mais, entretemps, l’embrouilleur en chef aura peut-être réussi à passer le cap de 2017…