François Hollande fait patte de velours face aux frondeurs socialistes

Hollande frondeurs socialistes
A l’Assemblée nationale, la fronde gagne les rangs des députés du PS.

 
François Hollande et les frondeurs socialistes veulent manifestement éviter une rupture. Lorsque la motion de censure de la gauche échoue, à deux voix près, à faire chuter le gouvernement Valls, on peut dire que, effectivement, les frondeurs ont pris la mesure du risque à moins d’un an de l’élection présidentielle, et se contentent d’être, au plus, de « grandes gueules ». En échange, si l’on peut dire, le chef de l’Etat ferme les yeux sur leurs fredaines…
 
On a bien vu la différence de gestion de crise entre les différentes têtes du socialisme français. Face à la fronde, Manuel Valls, que cette opposition a poussé à engager la responsabilité de son gouvernement sur un projet de loi universellement rejeté, a, une nouvelle fois, froncé les sourcils et estimé nécessaire une « clarification ».
 

La guerre socialiste… ou la paix présidentielle ?

 
Même son de cloche de la part du premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, qui a annoncé vouloir saisir la Haute autorité éthique du parti du cas de 26 de ces députés, qui ont signé mercredi une motion de censure, finalement inachevée, contre le gouvernement.
 
Mais le patron des députés du PS, Bruno Le Roux, a fait montre de beaucoup de réserves, vendredi, face à l’idée de sanctionner les frondeurs de son parti. Il est vrai qu’il a donné pour motif que cela ne ferait que leur donner plus d’importance, ce qui n’est pas faux. « Les frondeurs (…) veulent que l’on parle d’eux tout le temps, et parler de sanction, c’est remettre un peu d’argent dans la machine. Moi je ne suis pas partisan de ce jeu-là », a lancé sur les ondes le président du groupe PS à l’Assemblée nationale.
 
De leur côté, certains frondeurs ont manifesté ne pas vouloir aller jusqu’à la rupture. Proche de Martine Aubry, Jean-Marc Germain a ainsi lancé un appel au dialogue, afin d’éviter un « drame absolu » si le 49-3 devait être utilisé en seconde lecture.
 
« Ce que j’attends du premier secrétaire du PS, (…) c’est de nous retrouver autour d’une table de toute urgence avec le premier ministre et de trouver une solution de compromis sur ce texte. Elle existe », a-t-il déclaré. « Qui est-ce qui peut éviter qu’il y ait un 49-3 ? C’est le premier ministre en acceptant un certain nombre d’amendements des parlementaires. »
 

François Hollande face aux frondeurs

 
De son côté, Pascal Cherki, tout en estimant que « la bataille continue », affirme qu’il peut y avoir une issue, à la condition que l’on modère le premier ministre. « La “clarification” que Manuel Valls propose, c’est une scission du Parti socialiste. Je ne suis pas d’accord avec cela et je fais confiance au premier secrétaire du PS pour assurer l’unité de ce parti. (…) Je pense que, une fois de plus, le premier ministre agite un sabre de bois », affirme avec force le député de Paris.
 
Et François Hollande semble avoir effectivement choisi le chemin de l’apaisement, donnant ainsi implicitement tort au chef du gouvernement. « Nous souhaitons toujours le rassemblement et la cohésion et nous y travaillons », déclare-t-on de fait dans l’entourage de François Hollande.
 
Ce n’est pas par simple grandeur d’âme. Au plus bas dans les sondages, en passe de chuter encore si c’est possible, le président ne peut s’offrir le luxe de divisions trop visibles, qui le priveraient définitivement de ses espérances de briguer un deuxième mandat. Quitte à promettre – ça ne mange pas de pain… – qu’il saura se montrer reconnaissant au cours d’un éventuel second quinquennat.
 

François le Luc