François Hollande critique le manque de maturité des socialistes

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Face aux critiques qui viennent parfois de son propre camp, et après plus de trois années passées à l’Elysée, François Hollande reconnaît avoir parfois engagé des réformes « qui ne sont pas toutes de gauche ». Pour autant, ce n’est pas à un mea culpa que se livre François Hollande, puisque c’est sur la poitrine de ses camarades socialistes qu’il frappe, en regrettant que ses choix aient été critiqués par un Parti socialiste manquant, affirme-t-il, de maturité.
 
C’est à l’occasion d’un entretien accordé le 9 juillet dernier à notre confrère du Monde Françoise Fressoz, qui publie ces jours-ci un livre intitulé Le stage est fini, chez Albin Michel, que le président de la République dresse ce sévère constat.
 

François Hollande critique le manque de maturité des socialistes

 
François Hollande s’y décrit comme un réformateur « qui a engagé des réformes qui ne sont pas toutes de gauche, mais servent l’intérêt général ». C’est apparemment cette notion qu’il reproche aux siens d’ignorer : « J’ai fait le pari que la gauche était devenue mature, que, minoritaire dans le pays, elle serait capable de comprendre qu’elle devrait faire bloc pour gouverner ; mon constat, c’est qu’une partie de la gauche ne l’admet pas. »
 
Trois points sont intéressants à retenir dans cette simple phrase :
– la première est que, de l’avis même du président de la République, la gauche est minoritaire en France ;
 
– la deuxième est que la maturité de la gauche relève à ses yeux d’un pari – autrement dit, si l’on se permet une analogie pascalienne, sans irrespect aucun, d’une espèce de croyance qu’il se serait imposée avec beaucoup moins de raisons que le penseur de Port-Royal ;
 
– la troisième est que, en l’occurrence, François Hollande s’est trompé. Pour un homme qui, entre 1997 et 2008, a dirigé le Parti socialiste durant onze ans, c’est un aveu de taille. Le PS était-il plus mature de son temps ? Et si oui, pourquoi a-t-il ainsi chuté, alors même que son ancien premier secrétaire devenait chef de l’Etat ?
 

Et la maturité du président ?

 
Apparemment, le président ne se pose pas réellement la question. Il préfère marquer ses points, bons ou mauvais. Il met ainsi au chapitre de ses réussites l’absence de mouvement social d’ampleur depuis son arrivée au pouvoir, tout en admettant que « le mécontentement est passé par les urnes ».
 
A l’heure où les syndicats s’agitent en une rentrée délicate, le propos est plutôt maladroit…
 
Mais il y a pire. Car, au chapitre négatif, François Hollande dit son regret d’avoir annulé, à son arrivée, la hausse de TVA décidée par son prédécesseur Nicolas Sarkozy.
 
Malgré ses explications, peu convaincantes au demeurant, cette affirmation a déclenché quelques grincements de dents à gauche ; et tout autant de rires à droite.
 
Françoise Fressoz dresse d’ailleurs en quatrième de couverture une liste des critiques les plus saillantes : un quinquennat qui « n’est jusqu’à présent qu’une succession d’épisodes tragi-comiques » ; « la domination exercée par “Mutter Merkel” sur une France rongée par ses déficits, les négociations burlesques que le monarque se croit obligé de conduire avec des ministres qui ne dissimulent pas leur mépris à son égard », etc.
 

Retour de manivelle

 
La pire, sans doute, est cependant celle que François Hollande adresse à son principal rival : « Nicolas Sarkozy mobilise très bien son camp, mais il est le candidat le moins rassembleur du pays. »
 
Lui, en effet, ne mobilise pas même son camp !
 
Une chose est sure, en tout cas. La campagne électorale est ouverte…
 

François le Luc