Hollande, terrorisme et république : son idée de la France, c’est la démocratie mondialiste

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Salle Wagram, François Hollande a disserté sur la démocratie et le terrorisme pour racoler la gauche en vue de 2017. A l’identité française, il oppose son « idée de la France » : la république universelle, ses valeurs, son modèle social. En somme, le socialisme mondialiste.
 
La fondation Jean Jaurès avait invité François Hollande à discourir à Paris salle Wagram. Un clin d’œil aux victoires de Napoléon, selon son service de presse. Cependant, si le ton et l’intention étaient guerriers, les paroles du président de la république rappelaient plutôt Paul Reynaud dans ses vaticinations du printemps 40. « Nous vaincrons », a-t-il lancé parce que « l’histoire enseigne que la démocratie est plus forte que la barbarie ».  Elle finit toujours par l’emporter sur les totalitarismes, selon Hollande qui a cité nommément « les fascismes » et « le nazisme », mais a oublié le communisme, même sous sa forme chère aux bien-pensants, le stalinisme. Il faut dire que notre président revenait du Viêt-Nam, où il avait tenté de placer quelques Airbus.
 

Hollande veut rassembler la gauche contre la nation

 
Ce discours de la salle Wagram sur la démocratie et le terrorisme devait, selon l’équipe de Hollande, faire suite à celui du Théâtre du Rond Point des Champs Elysées en mai, premier jalon de sa campagne présidentielle. Si, conformément à sa promesse de ne se déclarer qu’en décembre, il n’a pas annoncé sa candidature, il a tout fait pour que l’opinion ne puisse «s’installer », selon un ministre, dans l’idée qu’il « pourrait ne pas l’être ». Il a ainsi multiplié les attaques contre Nicolas Sarkozy dans deux intentions, l’une est stratégique et je la développerai plus bas, l’autre est tactique : il s’agit de substituer au Tout sauf Hollande actuel un tout sauf Sarko, pour lequel Hollande se sent des alliés en Juppé, Fillon et Copé, qu’il a épargnés.
 
Le chef de l’Etat, en défendant son bilan avec une autosatisfaction touchante, et en parlant de son « idée » de la France, de la république universelle, s’est posé en grand rassembleur de la gauche, mainteneur, dans la réalité difficile du pouvoir, de ses valeurs et de ses espoirs. Une posture qui se prétend présidentielle mais qui est déjà celle d’un candidat, décidé à éliminer ses obligés d’hier devenus concurrents, Montebourg, Macron et Hamon, qu’il englobe sous le nom générique et peu flatteur de « figurants ».
 

Le terrorisme adversaire accoucheur de la démocratie mondialiste

 
Une fois déclarée sa foi dans « la victoire inéluctable de la démocratie » et énumérés les actes (qu’il estime nombreux et efficaces) qu’il a posés pour y mener, il a listé les dangers qui pourraient la compromettre, « la division », le « populisme », et à l’inverse les conditions qui la hâtent, et qu’il a résumé d’un mot, la « cohésion ». Les premiers seraient les fruits inévitables de « l’état d’exception », c’est-à-dire toutes les lois et mesures envisagées par la droite et l’extrême droite (Sarko en a pris plein ses grandes oreilles). Pour Hollande, la démocratie n’est pas « faible » devant le terrorisme, elle est « forte » au contraire, forte de « l’état de droit ». Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts « en restant nous mêmes ». Et de se lancer quelques fleurs sur son « sang froid », son refus d’un « Patriot Act » à la française, appel du pied appuyé en direction de la gauche des droits de l’homme. Il s’est posé en gardien des valeurs de la république pour couper l’herbe sous le pied de ses rivaux de gauche. Une attitude assez gonflée, puisque la prolongation sine die de l’Etat d’urgence et la loi sur le renseignement réduisent les libertés publiques et permettent de fliquer les Français sans assurer le moins du monde la sécurité publique.
 

Une idée radicalement fausse de l’islam et du terrorisme

 
Mais suivons plus avant la promenade idéologique du candidat Hollande en pré-campagne. Il a déjoué le plan diabolique de Daech, qui essaie selon lui, en semant l’effroi, d’obtenir le « divorce entre citoyens et la suspicion générale à l’égard de nos compatriotes musulmans ». Cela a été l’occasion pour le président de la république de dévider la vulgate républicaine et mondialiste sur la question – et c’est là qu’on se rappelait que parmi les puissances invitantes se trouvait Terra Nova, ce think tank mondialiste qui fut dès les années 80 à l’origine du remplacement du prolétariat (qui commençait à faire défaut à la gauche, surtout socialiste) par les minorités dites défavorisées dans l’électorat de gauche. S’il a enfin donné un nom au « fanatisme » que la « république » combat actuellement, id est « le terrorisme islamiste », il a pris bien soin de le distinguer de l’islam, qu’il « dévoie », et de préciser qu’il ne « radicalise qu’une infime partie de la jeunesse », avant de remettre le projecteur sur « l’obscurantisme religieux », et à dresser du conflit actuel un historique fantaisiste (cela « a commencé il y a trente ans en Afghanistan »).
 

Les préférences indécentes de la démocratie mondialiste

 
Il a longuement développé sa conception de la laïcité, estimant que rien en elle ne « s’oppose à la pratique de l’islam », que l’islam est capable d’opérer une « séparation de la loi et de la foi ». Aussi, faisant allusion sans le dire à la controverse sur le burkini et sur le hallal, a-t-il condamné  toute « législation de circonstance, aussi inapplicable qu’inconstitutionnelle ». Dans la foulée, Hollande a énoncé les trois principales décisions récemment prises pour favoriser l’intégration de l’islam en France, dont la réanimation de la Fondation pour l’islam de France, association « laïque » a-t-il rappelé, proclamant ainsi la préférence maçonnique pour l’islam de la République : imagine-t-on une association laïque parrainée par l’Etat nomméeFondation pour le catholicisme de France ? Au delà de la question religieuse, il a vivement attaqué ceux qui entendent réformer « le droit du sol », le « regroupement familial » ou encore « établissent un lien entre immigration et terrorisme ». Parmi les horreurs reprochées à de tels mauvais citoyens figure le fait de s’opposer « au droit européen (ou) aux conventions internationales ».
 

Là où est la démocratie, là est la patrie

 
Chef des armées, François Hollande s’est abondamment loué de l’action de la police et de l’armée, du service civique, de la future garde nationale, de la fonction présidentielle, se félicitant au passage de ses propres faits et gestes. Il a exalté « l’idée moderne de patrie » qui est de « savoir pourquoi nous nous battons : la liberté. (…) Le seul camp qui vaille est celui de la république ». Il a exalté les citoyens « aux parcours différents mais unis  sur l’essentiel, les valeurs de la république et de la laïcité ». C’est la définition idéologique du pays, donnée depuis longtemps par le chanteur communiste Jean Ferrat dans sa chanson « Ma France ». Hollande, à ce moment de son allocution plus encore qu’aux autres, a paru si content de lui-même président qu’il a exalté dans la foulée les « soldats prêts au sacrifice » pour quoi ? Pour la défense de « l’état de droit ».
 

Hollande saucissonne son électorat

 
Ferme, juste, mesuré, ironique et satisfait de lui comme de la république universelle, le pas encore candidat n’a pas manqué de faire quelques clins d’œil à son électorat potentiel. En  célébrant d’abord l’un des piliers de la « cohésion nationale, le modèle social (…) Un pays solide, c’est une nation solidaire ». Cette fois, c’est Jaurès qu’il a paraphrasé en définissant le modèle social comme « le capital de ceux qui n’en ont pas » (L’original disait : « la patrie est la seule richesse des pauvres »). En tirant son chapeau ensuite devant l’Education nationale, afin de retrouver ses suffrages malgré leur brouille : « Face à l’ignorance, à la désinformation, au complotisme, il y a la démocratie et l’école ». Le président de la république n’a pas manqué en outre de rappeler tous les petits gestes financiers qu’il avait  consentis malgré la crise pour les enseignants.
 

Un autre terrorisme : quand la démocratie joue la peur

 
François Hollande a classiquement joué aussi, pour rassembler son camp et diaboliser l’adversaire, la carte de la peur. Notant que « les démocraties tiennent par l’adhésion », il a brodé sur la catastrophe qui surviendrait si celle-ci faiblissait. Au passage, il a brocardé le Brexit et vivement attaqué, au nom de la démocratie et de la volonté populaire (bravo l’artiste !) le Brexit. Puis il a déploré que la « démocratie à vocation universelle » soit aujourd’hui menacée, de l’extérieur, mais aussi de l’intérieur par « le chacun pour soi », le « populisme », le « nationalisme », les « frontières »,  « l’extrémisme ». S’en prenant vivement aux pays de l’Europe centrale et à la Grande Bretagne, il a brandi la menace de l’effondrement de l’Union européenne régie par Bruxelles, s’exclamant : « La fin de l’Europe serai la fin de la démocratie ». Or, il a été formel et répétitif sur ce point, dans la lutte contre le terrorisme comme dans le progrès « vers le monde que nous voulons », la « démocratie est notre arme, la démocratie est notre âme ».
 
Or la démocratie « qui allait de soit » est aujourd’hui en danger. Elle est « vulnérable » Ce n’est pas « une question d’un peu plus ou d’un peu moins », « l’essentiel est en jeu ». Le ton se fait grave : « Quand le danger est là nous devons nous retrouver ». On ne sait à qui l’objurgation s’adresse, au peuple français ou plus simplement au peuple de gauche.
 

Une certaine idée mondialiste de la France

 
Ce danger, c’est bien évidemment l’exclusion de la gauche du deuxième tour de la présidentielle, c’est aussi, dans la rhétorique de François hollande « l’exclusion » absolue prônée par les forces du mal décrites plus haut. Pour le conjurer, Hollande préconise la « cohésion » autour de la « France ». La France dont il a prononcé le nom des dizaines de fois en faisant vibrer sa voix comme un acteur qui en remet. Mais la France telle qu’il la définit. C’est-à-dire moins une « identité » (évacuée en quelques mots) qu’une « idée ». Ici, c’est à De Gaulle que notre président de la république chipe son vocabulaire. Mais sous le même mot gît une chose radicalement différente : non pas le pré carré capétien, mais une république universelle définie par « le projet qu’elle porte ». C’est à dire ? « La liberté, la culture » ? Mais encore ? « La vocation universelle de la France, la démocratie ».  Candidat non déclaré, François Hollande appelle la gauche à faire barrage contre la nation. De façon ironique et caractéristique, il a pris pour cela les habits de père de la nation, fixant les thèmes sur lesquels se jouera la prochaine présidentielle : « Protection des Français, cohésion nationale, modèle social, conception de la démocratie et place de la France dans le monde ». Dans cette logorrhée pontifiante où les intérêts et la voix du peuple de France semblent prépondérants à chaque instant, ne se lit en réalité que la soumission à l’invasion et aux injonctions de la « démocratie » mondialiste.
 

Pauline Mille