François Hollande veut toujours punir le Syrien Assad

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François Hollande n’a décidément pas digéré que Barack Obama le lâche alors qu’il comptait sur le soutien américain pour « punir » le président Bachar el-Assad. Mardi, devant les ambassadeurs français réunis à Paris, le président de la République a manifesté que, pour lui, la paix dans cette région du monde passait toujours par la neutralisation de son homologue syrien. Ce qui manifeste une nouvelle fois que François Hollande n’a tiré aucune leçon des catastrophiques précédents en la matière, et donne à penser qu’il n’a pas pris la mesure de la situation internationale.
 
Peu importe ! Le président est tout à son affaire quand il dresse l’équation « paix = “neutralisation” d’Assad ». Non, qu’il néglige la réalité terroriste, c’est-à-dire islamiste, sur le terrain. Mais il entend gérer l’un et l’autre dans le même temps. « Nous devons réduire les emprises terroristes sans préserver Assad », affirme-t-il. C’est là que François Hollande prouve à la fois son manque de sens pratique et, surtout, de sens politique.
 

François Hollande veut punir le Syrien Assad

 
Le président s’essaye pourtant à justifier son propos : « Les deux ont partie liée. En même temps, il nous faut chercher une transition politique en Syrie, c’est une nécessité » ; précisant : « un dialogue peut être engagé, faut-il en fixer les conditions. La première, c’est la neutralisation de Bachar el-Assad. La seconde, c’est d’offrir des garanties solides à toutes les forces de l’opposition modérée, notamment sunnites et kurdes, et de préserver les structures étatiques et l’unité de la Syrie. »
 
Ouf ! C’est assez curieux, en définitive, parce qu’on a nettement l’impression que François Hollande discourt sur une Syrie qui n’est pas celle que nous avons sous les yeux. Dans la réalité, l’opposition modérée est quasi invisible, diaphane, du fait notamment de la présence de l’Etat islamique, et la mettre au pouvoir reviendrait à faire élire un fantoche.
 
Quant à l’unité de la Syrie, ou ce qu’il en reste, elle ne tient, pour l’heure, qu’à travers son président que le nôtre veut abattre…
 

Concilier des points de vue très opposés

 
Le seul point rassurant, en cette affaire, est que François Hollande compte sur une implication de « toutes les parties prenantes à la solution », c’est-à-dire sans exclure ni la Russie, ni les pays du Golfe, l’Iran ou la Turquie. Rassurant, parce qu’on imagine assez mal, en l’état actuel des choses, Moscou (Assad l’a d’ailleurs souligné avec satisfaction) ou Téhéran épouser les visées d’un François Hollande…
 
En attendant, Damas a réagi avec force, en soulignant que les propos du président français « constituent une ingérence flagrante dans les affaires intérieures et montrent que la France contribue à verser le sang syrien ». « Le gouvernement français doit savoir, continue le ministère syrien des Affaires étrangères, (…) que tant qu’il maintiendra ces positions, nous n’accepterons aucun rôle de la France dans une solution politique. »
 
C’est assez logique. Imagine-t-on la trombine d’un François Hollande si Vladimir Poutine, par exemple, venait à émettre hypothèse semblable à son endroit ? Heureusement pour lui, le président russe n’aime pas à se donner en ridicule.
 

Toujours la rengaine démocratique

 
Malheureusement, et contrairement à ce que croyaient nos aïeux, le ridicule tue – mais pas son auteur. Qu’on tourne un instant la tête vers ces pays, tels la Libye ou l’Irak, où, la fleur au canon, Européens et Américains, bras dessus bras dessous, ont prétendu apporter – de force – la démocratie, et l’on verra quel lamentable résultat il en est advenu.
 
Nicolas Dupont-Aignan, avec lequel on a parfois du mal à partager certaines réflexions politiques ou philosophiques, a très bien réagi à la lubie présidentielle. « Il faut réorienter complètement la politique étrangère française. Il faut vaincre Daech, ces barbares islamistes, et pour les vaincre il faut arrêter de combattre Assad, a expliqué le député de l’Essonne. Il faut choisir. (…) On a vaincu Hitler en s’alliant à Staline. Les Américains ont déstabilisé Saddam Hussein, on nous avait dit que c’était un bourreau, on a vu le résultat. Nicolas Sarkozy a déstabilisé Khadafi, on a vu le résultat. A un moment il faut arrêter les sensibleries, s’appuyer sur les Etats qui existent. »
 
« Si on ne fait rien, a-t-il conclu, Daech deviendra une puissance tellement forte que nous serons en guerre pendant cent ans entre l’Europe et le Moyen-Orient. »
 
Avec les conséquences dont on a déjà quelques trop visibles avant-goûts chez nous…
 

François le Luc