Des chrétiens libanais ont pavoisé à la prise de Damas par les « rebelles », célébrant la fin du clan Assad. On peut les comprendre : d’abord appelés au secours en 1976 par Pierre Gemayel, patron des phalanges libanaises chrétiennes, contre les milices palestiniennes et ceux que notre confrère Le Monde nommait alors les « islamo-progressistes », le dictateur syrien d’alors, Haffez-el-Assad (le lion), avait mis la main sur le pays et bombardé cruellement Beyrouth, surtout la partie chrétienne. C’était clairement un expansionniste et un ennemi du Liban. On a tout lieu de penser que l’attentat qui a coûté la vie à Bachir Gemayel, fils de Pierre et président élu du Liban, a été organisé par les services syriens. Cependant, d’une part le fils Bachar n’est pas le père, et de l’autre, issu de la minorité alaouite, il protégeait en Syrie les minorités chrétiennes contre la majorité musulmane, qui se trouve aujourd’hui à la fois représentée et manipulée par les « rebelles » islamistes. Or, ceux-ci s’en sont pris en Irak aux chrétiens. Eux-mêmes manipulés par les Turcs, les Américains, les Anglais et par Israël, ils participent à la grande fuite des derniers chrétiens d’Orient. Erdogan, qui vise tout le nord de la Syrie, peut pavoiser aujourd’hui. Les Kurdes le laissent faire : peut-être ont-ils reçu des assurances. Demain, quel sera le sort des chrétiens d’Alep ? Et après demain, de ceux de Beyrouth ? La satisfaction affichée dans la presse occidentale devant la libération de Damas rappelle les cris d’allégresse qu’elle a poussés lors de la « libération » de Phnom Penh par les Khmers rouges en 1975. La « révolution syrienne » scande « Il n’y a de Dieu qu’Allah et Mohammed est son Prophète » au son des youyous. Et les combattants préviennent aimablement la population : « Nous les laissons profiter de leur liberté, mais nous allons progressivement remettre de l’ordre. »