La Hongrie veut interdire les « études de genre » à ses universités

Hongrie études genre
 
La deuxième semaine d’août à Budapest, le ministère de la Justice et le ministère des Ressources humaines (qui réunit les anciens ministères de la santé, de l’éducation et des affaires sociales et du travail) annonçaient leur décision d’interdire aux universités de Hongrie le recrutement de nouveaux étudiants en « études de genre ». Deux universités magyares proposent ce type d’études : la plus grosse et la plus ancienne université hongroise, l’université Eötvös Loránd (ELTE), un établissement public, et l’Université d’Europe centrale (CEU), fondée et financée par le spéculateur américain d’origine juive hongroise George Soros. Cette dernière université propose toutefois des diplômes hongrois et des diplômes américains, et seuls les diplômes hongrois ne pourront plus être délivrés à l’avenir. Dans tous les cas, les étudiants qui ont déjà commencé des « études de genre » dans une de ces deux universités pourront les achever, mais le chef de cabinet du premier ministre Viktor Orbán annonçait le 14 août que ces études ne bénéficieront plus des financements publics. Peu d’étudiants seront affectés : seuls onze étudiants se sont inscrits dans la filière du genre cette année à l’ELTE et 2 à la CEU, mais ces universités pourront accueillir de nouveaux étudiants cet automne pour la dernière fois si la décision du gouvernement, soutenue par la coalition du Fidesz et des chrétiens-démocrates (KDNP), est confirmée.
 

Les « études de genre », une vaste escroquerie

 
Le ministère des Ressources humaines a expliqué que les diplômes en « études de genre » n’avaient aucun intérêt sur le marché du travail. « Personne ne veut employer un “genrologiste”, et ces études ne sont donc pas nécessaires », a déclaré le vice-Premier ministre Zsolt Semjén en soulignant le caractère idéologique de la pseudo-science du genre. László Kövér, le président de l’Assemblée nationale hongroise, est allé plus loin en comparant cette pseudo-science à celle des nationaux-socialistes allemands des années 1930. Et c’est un fait que tous les régimes totalitaires développent une fausse science. Pour justifier leur emprise sur les esprits des individus et leur entreprise d’ingénierie sociale, les régimes communistes ont développé une fausse sociologie, et le national-socialisme une fausse biologie. De la même manière, les démocraties libérales occidentales, en pleine dérive totalitaire, développent une pseudo-science néo-marxiste qui combine fausse sociologie et fausse biologie : la théorie du genre. C’est pourquoi László Kövér a raison de dénoncer cette tentative de créer un nouvel « état d’esprit » dans le but de mener des « expériences sur l’Homme ». Et c’est pourquoi aussi le KDNP a tout autant raison d’estimer que les « études de genre » ne sont pas compatibles avec les valeurs chrétiennes.
 

La Hongrie en pleine contre-offensive culturelle

 
Budapest présente en effet sa décision non seulement comme une réaction à une vaste escroquerie mais comme un élément d’une grande contre-offensive culturelle contre les idéologies néfastes de la gauche qui dominent dans l’enseignement, la culture et les médias. Mais pour le parti libéral-libertaire LMP (8 députés sur 199 au parlement), il s’agit au contraire d’une nouvelle étape engagée par le gouvernement « dans sa guerre contre la science et l’enseignement » et d’une atteinte à l’autonomie des universités. La CEU propose une maîtrise anglophone en « études de genre » depuis 2008 et une maîtrise magyarophone équivalente depuis 2016. La faculté des sciences sociales de l’ELTE propose une maîtrise en « études de genre » depuis 2017. L’entrée de la pseudo-science du genre à l’université était violemment critiquée depuis plusieurs mois dans les milieux de la droite hongroise.
 

Olivier Bault