Soli Deo Gloria ! A Dieu seul la gloire ! Tels ont été les mots prononcés en latin par le Premier ministre hongrois Viktor Orbán peu après minuit devant ses partisans, après avoir remercié pour cette victoire les électeurs, les Hongrois de l’étranger et les amis polonais de la Hongrie. A propos des Polonais, Viktor Orbán a remercié nommément Jarosław Kaczyński, le chef du PiS, et Mateusz Morawiecki, le Premier ministre, venus le soutenir avant le week-end à Budapest. Lundi matin, après le dépouillement de 98,96 % des bulletins de vote, le Fidesz et ses alliés chrétiens-démocrates (KDNP) semblaient déjà assurés, avec 49 % des voix et 133 députés sur 199, de retrouver la majorité constitutionnelle à l’Assemblée nationale hongroise qu’ils avaient perdue début 2015 à la faveur d’élections partielles.
Le taux de participation particulièrement élevé aux élections de dimanche était pourtant censé être le signe, d’après les commentateurs, d’une mobilisation de l’électorat des partis d’opposition. Visiblement, la campagne du Fidesz axée sur le danger que ferait courir à la Hongrie une alternance européiste et immigrationniste (les Hongrois ont en tête la submersion migratoire de 2015), a également mobilisé les électeurs patriotes.
Démissions en série des dirigeants des partis d’opposition après la déroute aux élections de dimanche
L’annonce par le parti nationaliste Jobbik, principal parti d’opposition, qu’il serait prêt à gouverner en coalition avec les partis de la gauche libérale-libertaire pour chasser Orbán du pouvoir a peut-être fait gagner à ce parti des voix au centre mais lui en a certainement fait perdre aussi à droite, au profit du Fidesz. Le Jobbik devrait avoir, avec moins de 20 % des voix, 26 députés dans le nouveau parlement monocaméral contre 24 dans l’ancien. Le président et fondateur de ce parti, Gábor Vona, a démissionné dans la foulée et les sources de nos collègues du Visegrád Post, présents à Budapest hier, parlent de violents remous à prévoir chez les nationalistes dans les semaines à venir
Les leaders des différents partis de gauche, aux espoirs déçus, ont démissionné eux aussi. La claque est magistrale pour la coalition du parti socialiste MSZP, qui gouvernait avec les libéraux jusqu’en 2010, et du parti Dialogue : avec 12 % des voix (deux fois moins qu’en 2014), ils ne devraient obtenir que 20 sièges. Quant au parti de Ferenc Gyurcsány, le communiste devenu oligarque puis premier ministre de 2004 à 2009 et dont l’incompétence et les mensonges avaient valu au Fidesz sa première majorité constitutionnelle à l’issue des élections de 2010, il avait quitté le MSZP pour former son propre parti libéral-libertaire, avec le sigle DK. Mais le DK n’a obtenu qu’un peu plus de 5 % des voix, dépassant tout juste le seuil permettant d’avoir des députés au parlement. Le parti écolo LMP (sigle signifiant « La politique peut être différente ») a obtenu moins de 7 % des voix.
Le mode de scrutin en Hongrie
Le système électoral hongrois est un système mixte. Le scrutin à la proportionnelle permet d’élire 93 députés en votant pour des listes nationales. Les 106 députés restants sont élus au scrutin uninominal à un tour dans les différentes circonscriptions du pays. Lundi matin, les candidats de la coalition Fidesz-KDNP étaient donnés gagnants dans 91 circonscriptions. Les résultats définitifs ne seront connus qu’après le décompte des votes exprimés dans les consulats à l’étranger et par correspondance, ce qui pourrait prendre jusqu’à la fin de la semaine. L’une des réformes conduites par le Fidesz depuis 2010 en Hongrie a d’ailleurs consisté à donner accès à la nationalité hongroise aux descendants de Hongrois vivant dans les pays voisins depuis le Traité de Trianon. Cette année, 415.000 Hongrois de l’étranger étaient ainsi inscrits sur les listes électorales contre 193.000 en 2014, ce qui est de nature à influencer le résultat d’une élection dans un pays de 10 millions d’habitants et a plutôt tendance à renforcer la domination du Fidesz.
Une victoire de Victor Orbán contre George Soros et les « élites » européennes
Sur son compte Twitter, le chef de file des libéraux au Parlement européen, le Belge Guy Verhofstadt, représentant du Parlement européen pour les négociations sur le Brexit, a estimé que la campagne électorale hongroise avait été l’occasion pour le Fidesz de rendre les juifs responsables de tous les maux, ce qui nous ramène « aux heures les plus sombres de notre histoire ». Il se référait en fait à la critique par Viktor Orbán et le Fidesz du milliardaire américain d’origine juive hongroise George Soros. Verhofstadt, habitué des déclarations outrancières, reproduisait ainsi l’attitude du premier vice-président de la Commission européenne, le Hollandais Frans Timmermans, qui considère aussi que la critique de Soros est une forme d’antisémitisme. L’alternative européiste et libertaire soutenue par Verhofstadt dans son tweet, le parti Momentum, n’a obtenu aucun député dimanche puisqu’il n’a été soutenu que par 2,8 % des électeurs, illustrant de manière extrême à quel point les élites bruxelloises sont aujourd’hui coupées des réalités nationales.
De fait, les deux grands perdants de ces élections hongroises sont George Soros et la Commission européenne, et plus précisément leurs grands projets immigrationnistes. Car le Fidesz avait fait du risque de relance de l’invasion migratoire de 2015 en cas de victoire de l’opposition un thème central de sa campagne. La mobilisation des Hongrois en faveur du parti au pouvoir depuis huit ans et de son charismatique leader sont un désaveu très clair des élites politico-médiatique européennes. La victoire écrasante du Fidesz et de ses alliés chrétiens-démocrates montre aussi que, pour s’opposer à la domination de la gauche libérale-libertaire, progressiste et multiculturaliste aujourd’hui en Europe, un parti de droite doit savoir être vraiment de droite, c’est-à-dire conservateur, patriote, attaché aux valeurs chrétiennes et populiste plutôt qu’élitiste.