Hyper-inflation : où va le Venezuela ?

Hyper inflation Venezuela
Billets en bolivars vénézuéliens hyper dévalués.

 
Le Venezuela, frappé de plein fouet par la chute des cours du pétrole, s’accroche malgré sa vertigineuse perte de revenus à la politique socialiste mise en place par Hugo Chavez et maintenue, voire aggravée par son successeur Nicolas Maduro. Pour payer les dépenses de l’État dans un contexte de misère croissante, une seule solution : l’inflation, et même l’hyper-inflation. La situation en est arrivée au point où les billets de banque arrivent par cargos entiers dans les aéroports du pays pour être dispersés dans les banques – mais l’argent fait défaut pour payer les imprimeurs. Comme le note The New American, le Venezuela n’a même plus les moyens de payer son argent. Le bolivar a été pour ainsi dire détruit.
 
Au moment de la mort de Chavez en mars 2013, le Venezuela venait de connaître une forte dévaluation de sa monnaie nationale qui s’échangeait à 6,3 bolivars pour un dollar américain contre 2,15 bolivars auparavant. En décembre dernier, le taux de change officiel est passé à 10 bolivars pour un dollar — mais sur le vrai marché de l’économie réelle, ou ce qu’il en reste, il faut près de 1.000 bolivars pour acheter un dollar. La cigarette coûte 100 bolivars à l’unité. Pour aller faire ses courses on s’équipe de sacs à dos remplis de billets, et il faut bien cela pour se payer un simple repas.
 

Hyper-inflation : un bolivar vaut 1.000 dollars

 
C’est une situation qui n’est pas inconnue dans l’histoire. L’Allemagne a été victime d’une telle hyper-inflation après la Première Guerre mondiale. Là non plus, les imprimeurs des billets de banque n’arrivaient pas à tenir le rythme. Et dès qu’on touchait son salaire versé en liquide, on s’y précipitait vers les magasins pour acheter ce qui était achetable de peur de voir les prix monter dans l’heure. Les biens de consommation servaient ensuite au troc. On sait comment tout cela s’est terminé.
 
Le Venezuela pourrait bien connaître de telles affres. En 1989, le bolivar avait subi une dévaluation spectaculaire : l’agitation populaire était devenue telle que le président d’alors, Carlos Andres Perez avait suspendu les droits affirmés par la Constitution en vue de « préserver l’ordre public » – et surtout pour se maintenir au pouvoir. Les événements furent prétexte à des arrestations arbitraires, des disparitions organisées, on parlait de torture et d’assassinats par le pouvoir. Tout cela devait conduire à un soulèvement populaire qui aboutit à la prise de pouvoir par les socialo-marxistes, dont le Venezuela souffre encore aujourd’hui.
 

Le Venezuela en situation pré-révolutionnaire

 
L’hyper-inflation a un effet désastreux sur l’économie, mais aussi sur le moral des gens qui n’ont aucun espoir de voir leur situation s’améliorer même s’ils travaillent sans relâche. Perte de leurs économies, impossibilité d’acheter ne serait-ce que les biens de consommation les plus indispensables, inutilité d’entreprendre : c’est tout un pays qui est menacé de destruction.
 
Au bout de 17 ans de socialisme chavézien, le Venezuela est confronté à la disette, à la misère, et peut-être même à l’explosion. Les conditions sont en tout cas réunies pour une révolution violente.
 

Anne Dolhein