L’intelligence artificielle, ou IA, offre des possibilités sans précédent de surveillance et de contrôle qui rendent plausible la mise en place d’une tyrannie inédite à l’échelle globale. Nous vous proposons depuis hier, la traduction de larges extraits d’un article publié par The New American à ce sujet, évoquant les écrits de l’universitaire John Lennox qui aborde l’IA du point de vue chrétien et politique.
Le premier article, publié hier, avait pour thème l’omniprésence déjà acquise de l’IA.
Le deuxième, aujourd’hui, s’intéresse à l’utilisation de l’IA pour la surveillance totalitaire, avec l’exemple de la Chine communiste pour surveiller et contrôler sa population.
Deux autres suivront, sur son utilisation dans les pays dits libres et démocratiques, et sur la dimension spirituelle de l’IA maléfique.
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Le Communisme de la surveillance
2084 comprend un chapitre intitulé « Big Brother Meets Big Data » (Big Brother rencontre les Big Data). La même technologie qui, d’un simple clic (ou en réponse à une commande vocale), vous donne la réponse à une question urgente ; la même technologie qui vous permet de voir les photos du dernier voyage à la plage de votre copain de lycée ; le programme qui a permis à Amazon de vous recommander ce livre que vous avez tant aimé ; le système GPS qui facilite tant les déplacements sur des routes inconnues… Toutes ces informations sont collectées pour créer votre profil, qui est ensuite vendu à des organismes privés et à des agences gouvernementales de renseignement.
Lennox note :
« Les traqueurs IA sont conçus pour collecter autant de données auto-générées que possible sur votre mode de vie et vos habitudes, les endroits où vous allez, ce que vous achetez, les personnes avec lesquelles vous communiquez, les livres que vous lisez, les emplois que vous occupez, vos activités politiques et sociales, vos opinions personnelles… La liste ne cesse de s’allonger. »
Un rapport du directeur du Renseignement national publié en janvier 2022 a révélé que « les agences de renseignement américaines achètent et stockent des informations personnelles sur les Américains sans véritable contrôle ni directives », selon un résumé publié dans un article de NBC News en juin 2023. Ces agences comprennent l’Agence nationale de sécurité, le FBI, le ministère de la Défense, l’Agence de renseignement de la défense, le ministère de la Sécurité intérieure, la marine américaine, les garde-côtes et le fisc.
Lorsque la collecte de données est associée à la surveillance gouvernementale, on aboutit au « communisme de la surveillance et au contrôle de la pensée », selon Lennox. Il considère l’utilisation abusive de la technologie IA par la Chine comme un signe avant-coureur. « La Chine utilise déjà l’IA à des fins de contrôle social », écrit-il. « L’Etat surveillant n’est plus seulement une menace dystopique lointaine, c’est désormais une réalité terrifiante et actuelle. »
L’IA en Chine communiste : déjà plus d’un demi-milliard de caméras de surveillance
Selon Lennox, en 2021, la Chine avait déjà installé 540 millions de caméras de vidéosurveillance dans l’ensemble du pays, soit environ une caméra pour trois habitants. D’autres sources affirment que la Chine dispose d’au moins 700 millions de caméras de vidéosurveillance, toutes intégrées au projet Skynet du Parti communiste chinois (oui, les Chinois ont donné à leur projet de surveillance exactement le même nom que celui donné par les scénaristes des films Terminator au système d’intelligence artificielle meurtrier de leurs films). Il existe peu de lieux publics où les Chinois puissent se rendre sans être surveillés par le gouvernement.
La Chine a également mis en place depuis une dizaine d’années un système de crédit social qui dépend de l’intelligence artificielle. Ce programme est conçu pour encourager les comportements approuvés par le gouvernement tout en décourageant ceux qu’il désapprouve. Lennox explique la conception initiale du système de crédit social chinois en s’appuyant sur un rapport rédigé par Drew Donnelly, de la plateforme de paiement Horizons. Son objectif est de créer un système qui garantit le respect des règles. Lennox écrit :
« Pour atteindre cet objectif, chaque entreprise, chaque citoyen se voit attribuer un numéro d’identité personnel unique et standardisé. Chaque citoyen se voit attribuer un nombre, disons 300, de points de crédit social qui peuvent être enrichis par de “bons” comportements (c’est-à-dire approuvés par le gouvernement)… Au fur et à mesure que vous cumulez des points, vous bénéficiez d’un nombre croissant d’avantages : accès à un plus large éventail d’emplois, accès à davantage de contrats, possibilités d’hypothèque, réduction des factures de services publics, placement scolaire pour les enfants, biens divers, possibilités de voyage, et même de réductions de frais de location de vélos. »
La Chine, modèle du gouvernement mondial
A l’inverse, ceux qui se comportent de manière non conforme perdent des points. Les mauvais comportements peuvent inclure le fait d’être ami avec des personnes que le gouvernement désigne comme « dangereuses », d’avoir des démêlés avec la police, de traverser en dehors des clous, de fumer dans des zones non-fumeurs, de publier de « fausses informations » en ligne, de critiquer le gouvernement, de se plaindre, et bien d’autres choses encore. Comment le gouvernement met-il en œuvre ce système de contrôle ? Lennox explique que « ce contrôle est en grande partie exercé par des techniques avancées de reconnaissance faciale par IA qui exploitent une vaste base de données d’images provenant de millions de caméras de vidéosurveillance et transmises à un centre informatique central ».
Le gouvernement chinois n’a pas encore pleinement mis en œuvre toutes les mesures mentionnées ci-dessus, notamment le système national de notation, mais environ 80 % des provinces, des régions et des villes ont déjà lancé une variante du système de notation du crédit social. Le quotidien britannique The Telegraph rapportait en 2018 cette déclaration du gouvernement chinois : « Le système de points améliorera l’environnement commercial de la ville en empêchant les personnes ayant une faible “intégrité” d’accéder aux services publics et au réseau de transport de la ville. »
Le programme de crédit social existant évalue la conformité des entreprises aux réglementations et aux normes éthiques fixées par le gouvernement communiste. Il surveille également le comportement individuel afin de s’assurer que les citoyens respectent les lois et les normes sociales, également déterminées par le gouvernement. Et le PCC (Parti communiste chinois) a déjà commencé à punir les personnes qui ne se comportent pas comme elles le devraient. Selon un reportage de Channel News Asia datant d’avril 2018, neuf millions de personnes se sont vu refuser l’achat de billets d’avion et trois millions d’autres l’achat de billets de train en classe affaires en raison de leur faible score de crédit social. Lennox précise que les entreprises chinoises, en collaboration avec le gouvernement, développent des méthodes de surveillance encore plus efficaces – et terrifiantes. Il cite des témoignages selon lesquels des entreprises chinoises « équipent leurs employés de casques dissimulant une technologie capable de lire les ondes cérébrales des utilisateurs et d’envoyer les données à des ordinateurs qui, à leur tour, utilisent l’IA pour détecter des émotions telles que la dépression, l’anxiété ou la colère ».
IA et gouvernement mondial (II) : les cobayes ouïghours
Mais il y a pire. Jusqu’à présent, la population chinoise en général a été épargnée par les aspects les plus totalitaires du système de contrôle du PCC, qui ont été réservés au groupe minoritaire musulman des Ouïghours. « Les Ouïghours sont désormais soumis à la surveillance la plus intense que le monde n’ait jamais connue, à tel point que la capitale Ürümqi a été qualifiée de “forteresse numérique” », souligne Lennox. Chaque mouvement d’un Ouïghour, chaque conversation qu’il a, en ligne et hors ligne, est enregistré. Le gouvernement oblige les Ouïghours à porter des cartes d’identité qui stockent leurs informations ADN, ainsi que leur « statut de fiabilité », la manière dont le gouvernement définit s’ils s’intègrent dans le système. Des caméras parsèment chaque rue et chaque ruelle, et il y a de petits postes de police toutes les quelques centaines de mètres. Le smartphone de chaque Ouïghour est équipé d’un logiciel espion. Lorsqu’il passe devant un poste, il le remet pour qu’il soit lu électroniquement, et toutes les informations sont transférées vers le système de surveillance central, où elles sont traitées par l’IA, écrit Lennox. Il continue ainsi, brossant le tableau d’un véritable enfer dystopique, un endroit où les gens ne peuvent même pas aller aux toilettes sans être surveillés, un endroit où la stérilisation forcée est une réalité.
Paul Dragu, The New American
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