L’IA et la robotisation au travail nuisent au bien-être des travailleurs

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L’utilisation de l’intelligence artificielle, des robots et des trackers de surveillance au travail a des effets néfastes sur la qualité de vie, révèle une enquête auprès de plus de 6.000 personnes réalisée par l’Institute for the Future of Work, l’Institut pour l’avenir du travail, un think tank qui prétend promouvoir la « floraison de tous » à travers la révolution technologique en cours. Cet objectif ne semble pas gagné si l’on veut bien considérer que le remplacement et le contrôle de l’homme par la machine nuit à la santé et au bien-être des travailleurs, comme l’affirme cette enquête.

A contrario, l’utilisation accrue d’ordinateurs personnels, de tablettes et de messageries instantanées au travail tendent à avoir des effets plus positifs, selon la même enquête.

 

L’IA au travail dépouille l’homme de son sens du travail

Si celle-ci ne s’est pas intéressée à la cause de effets positifs ou négatifs sur les personnes au travail, ses réalisateurs notent que les résultats en sont cohérents avec des études antérieures qui ont révélé que l’IA, les robots et les trackers « peuvent exacerber le sentiment d’insécurité de l’emploi, l’intensification de la charge de travail, le fait de se sentir prisonnier d’une routine ainsi que la perte de la signification du travail, en même temps que le sentiment d’impuissance et la perte d’autonomie, et l’ensemble de ces facteurs portent atteinte au bien-être général des employés ».

L’auteur principal de l’étude, le Dr Magdalena Soffia, estime que ce ne sont pas forcément les technologies elles-mêmes qui posent problème, mais la manière dont elles sont utilisées – qui relèvent de « décisions humaines ». Pour elle, les nouvelles technologies peuvent « fluidifier » le travail et le rendre plus efficace, ce qui peut donner un sentiment de « réussite ».

 

La robotisation n’est pas du tout synonyme de bien-être

Mais cette réussite est-elle possible quand l’employé a moins le sentiment d’être personnellement impliqué dans le travail et qu’il se limite à faire fonctionner des processus ? Le débat est vieux, finalement, entre les tenants du stakhanovisme qui dissocie l’ouvrier du résultat de son travail, et ceux qui cherchent à préserver une certaine créativité des métiers – de plus en plus menacée comme le sont les emplois eux-mêmes. Des économistes de chez Goldman Sachs envisageaient l’an dernier la perte de plus de 300 millions d’emplois à travers le monde d’ici à 2030 du fait de l’IA générative, et la transformation radicale d’un nombre encore plus important de postes.

L’IA a la capacité d’éliminer les hommes, mais aussi ce qu’il y a de plus humain dans l’homme, tout en les soumettant à des contrôles omniprésents. Et ce ne sont pas les victimes potentielles de cette situation qui ont le pouvoir d’y mettre un frein. A quand un algorithme développé par un think tank comme l’IFW pour déterminer dans quelles circonstances un travailleur « doit » être heureux ?

 

Jeanne Smits