L’IA menace 8 millions d’emplois au Royaume-Uni d’ici à cinq ans, selon une étude

IA menace millions emplois
 

Le Royaume-Uni pourrait voir 8 millions d’emplois phagocytés à brève échéance – 3 à 5 ans – du fait de la montée en puissance de l’intelligence artificielle (IA), affirme un tout nouveau rapport de l’Institute for Public Policy Research, qui parle d’une « apocalypse de l’emploi ». Le Royaume-Uni compte aujourd’hui environ 33 millions de personnes âgées de 16 ans et plus au travail, un quart des postes sont donc potentiellement menacés. Selon l’IPPR, ce sont avant tout les postes de niveau débutant, les emplois à temps partiel et les travaux administratifs qui risquent de disparaître face à la concurrence de l’IA si l’on retient le « pire des scénarios ».

Un scénario de toute façon inévitable, quelle que soit sa gravité : selon l’Institut d’évaluation des politiques publiques, un nombre croissant de sociétés adopte déjà la technologie de l’IA générative capable de lire et de créer du texte, des données et de coder des logiciels, afin d’automatiser les tâches quotidienne. C’est le « grand remplacement » de l’homme par le robot qui se met en place à un rythme de plus en plus rapide.

 

Des millions d’emplois administratifs menacés au Royaume-Uni

Le risque est facile à percevoir si l’on considère qu’à l’heure actuelle 11 % des tâches aujourd’hui réalisées par des travailleurs en chair et en os, sur un total de 22.000 identifiées par l’IPPR, pourraient être exécutées par l’IA. Mais une deuxième vague d’évolution de ladite, qui sera capable bientôt des tâches de complexité croissante, pourrait porter ce pourcentage à 59.

Selon l’étude, les tâches cognitives routinières – y compris la gestion de bases de données, la planification et l’inventaire – sont déjà menacées, de telle sorte qu’on peut s’attendre au remplacement d’emplois de débutants et d’emplois à temps partiel dans les domaines du secrétariat, de l’administration et des services à la clientèle. Mais qui dit que les personnes ainsi remplacées ne seront pas carrément éliminées du marché du travail, n’étant pas employables à un niveau plus élevé ?

Quant à la deuxième vague d’adoption de l’IA, elle pourrait avoir des répercussions sur les tâches non routinières telles que la création de bases de données, la rédaction et la conception graphique, ce qui affecterait des emplois de plus en plus rémunérateurs, et ferait disparaître près de 8 millions d’emplois.

Dans ce cas de figure, l’économie n’en tirerait aucun bénéfice puisque les gains de productivité seraient annulés par la croissance zéro du PIB, selon l’IPPR. Celui-ci imagine tout de même un « scénario optimal » où la force de travail augmenterait en même temps que la large diffusion de l’IA, avec une croissance du PIB de 13 %.

 

L’IA générative pourra bientôt exécuter les « travaux de connaissance »

C’est là que l’on voit que l’IPPR est de tendance centre-gauche : en pleurant (à juste titre) sur l’avenir des travailleurs, l’officine pense que l’action du gouvernement serait susceptible d’éviter l’« apocalypse » en « harnachant » (c’est le mot à la mode) la puissance de l’IA pour « booster » à la fois la croissance économique et le niveau de vie. Ce qui est déjà une manière de rendre l’IA désirable. D’ailleurs l’IPPR – qui se décrit comme progressiste –, assure qu’on pourrait utiliser les taxes, l’argent du contribuable, pour financer des emplois humains « verts » et pour « partager les gains parmi tous ». Et libérer des emplois pour l’« aide sociale » et autres secteurs (financés par la richesse nationale).

Or il ne s’agit pas seulement de libérer l’homme de tâches répétitives, voire abrutissantes, mais aussi de travaux plus intellectuels, « de connaissance », autrement dit, que la machine remplace l’homme dans ce qu’il a de plus humain. C’est l’ultime obsolescence programmée.

 

Anne Dolhein