« Complément d’enquête », sur France 2, évoquait jeudi soir le mentor d’un des terroristes kamikaze qui, le 13 novembre dernier, ont organisé la tuerie du Bataclan. Il s’agit de l’imam Abdelilah Ziyad, « guide spirituel » présumé d’Omar Ismaïl Mostefaï, spécialisé dans les fausses identités et les condamnations.
Nos confrères ont retrouvé la trace d’Abdelilah Ziyad dans une mosquée de Troyes, où il enseigne sous une fausse identité, celle d’Aldelkrim cette fois-ci. Depuis deux ans, semble-t-il.
Abdelilah Ziyad a été le mentor présumé d’Omar Mostefaï, l’un des kamikazes du Bataclan, dont la famille habite à une quarantaine de kilomètres de Troyes. Mais il se défend de toute responsabilité dans ce qu’on appelle aujourd’hui sa « radicalisation ». Quand il l’a connu, il s’agissait d’un « jeune normal ».
Avec les terroristes du 13 novembre
On peut se demander quel genre de jeune un personnage au passif terroriste aussi lourd qu’Omar Mostefaï peut être qualifié par lui de « normal ». On suppose que le « calife » de l’Etat islamique Abou Bakr al-Baghdadi ou l’actuel chef d’Al-Qaïda Ayman al-Zawahiri qualifieraient pareillement les hommes qui constituent leurs troupes…
Abdelilah Ziyad a quoi qu’il en soit une notion assez personnelle de la « normalité » puisque, en 1994, il a été reconnu comme le cerveau d’un attentat perpétré à Marrakech et qui avait fait deux morts. Il s’appelait alors Rachid. Jugé à Paris en 1997, il avait été condamné à huit ans de prison, avant d’être libéré quatre ans plus tard, en 2001. Pour bonne conduite, sans doute ? L’homme est cependant interdit de territoire français pendant dix ans, mais se cache dans l’Yonne sous une autre fausse identité…
A l’automne 2010, il réapparaît quand il est mis en examen par le juge Marc Trévidic pour complicité et recel de vols avec arme en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste : casses de banques et braquages servant à financer des actions terroristes.
Etrange imam…
Hier dans l’Yonne, aujourd’hui à Troyes, il ne semble pas avoir été plus surveillé que les fichiers S – à moins qu’il ne soit lui-même l’objet de l’une de ces fiches, ce qui, on a pu le voir, ne change rien à la sécurité de nos concitoyens. Pour un homme qui affirmait que « le djihad commande de répondre à la violence par la violence », c’est plutôt inquiétant. Il est vrai qu’il prétend aussi n’être pas radical.
Apparemment, les responsables de la mosquée de Troyes assurent que Abdelilah Ziyad n’a « plus rien à faire » dans leur lieu de culte et qu’il ne devait plus y remettre les pieds. C’est manifestement en France qu’il n’a plus rien à faire…
Sinon, on prend le risque de se retrouver avec de nouveaux Omar Mostefaï, dont le curieux imam dit : « C’était quelqu’un de calme. J’en suis sûr à 100 %. Il s’est radicalisé sur internet. »
Un propos manifestement à double sens, comme la «normalité ». Quant à internet, c’est sans doute l’une des fausses identités dont use Abdelilah Ziyad…