Immigration et œcuménisme : une synergie politique

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Mgr Michael Pham (© KhanhTran21)

 

Le diocèse catholique de San Diego apporte son soutien à l’immigration clandestine en Californie, à travers l’association interconfessionnel FAITH (foi, en anglais), qui se propose « d’accompagner fidèlement dans la confiance et l’espérance » les migrants sans papiers. Cela s’inscrit dans une vaste opération menée par des organisations à caractère religieux contre la politique de Donald Trump en matière d’immigration : il existe, au niveau fédéral, une Interfaith Immigration Coalition qui juge « immorale » la politique d’expulsion votée par la chambre des Représentants. Cette levée de bouclier est à double entrée, car, en même temps qu’elle favorise l’immigration, elle cultive l’œcuménisme : l’évêque de San Diego Michael Pham, s’est associé dans FAITH au SDOP, dont les militants pilotent en fait l’opération. Le SDOP San Diego Organizing Project, organisme à la fois politique et « multiconfessionnel », illustration de la synergie que recherchent certains réseaux entre religion et politique.

 

L’œcuménisme pastoral au secours de l’immigration

Cela a commencé le 20 juin 2025, journée mondiale des réfugiés, tout en douceur et en fraternité. L’évêque de San Diego, Michael Pham, dont la famille a fui le Vietnam, le père jésuite Scott Santarosa, et d’autres membres de différents clergés ont accompagné des migrants demandeurs de papiers au palais de justice fédéral. L’évêque a noté leurs témoignages de gratitude : « Nous étions présents auprès des personnes dans le besoin, et ils étaient très reconnaissants de notre présence. » Le père jésuite a expliqué : « Notre don est un don pauvre : c’est la présence. Nous sommes présents. (…) Nous avons confiance que Dieu, qui peut multiplier les pains et les poissons, fera quelque chose de grand simplement par notre présence dans le Seigneur. » Pham a ajouté : « Nous sommes tous frères et sœurs », indépendamment de la couleur de peau, de l’origine ethnique, de la langue ou de toute autre différence apparente. « J’ai hâte que nous soyons tous main dans la main, que nous nous aidions les uns les autres, que nous nous soutenions les uns les autres dans ce ministère pour le bien du peuple de Dieu, pour le bien des besoins de notre société… C’est la tâche et la mission que Dieu nous a confiées à tous alors que nous sommes réunis ici aujourd’hui. »

 

La politique d’immigration se sert des religions

Derrière ce discours se cache une réalité politique assez simple. Une cinquantaine de personnes, dont des membres du clergé et des laïcs de sept confessions religieuses, se sont inscrites comme bénévoles de FAITH. Le tout sous la direction opérationnelle du SDOP, dont la directrice exécutive, Dinar Reyna-Gutierrez était présente au tribunal. Elle a déclaré : « C’est l’histoire qui s’écrit. Nous intégrons l’histoire de quelque chose de magnifique. » Mais quelle histoire, c’est toute la question. Que se passe-t-il derrière les mots « dignité », « droit » et « compassion » ? Le plus simple pour en avoir une idée est de voir comment le SDOP se présente sur son site : « SDOP est un réseau non partisan et multiconfessionnel de congrégations religieuses et spirituelles qui représente plus de 70.000 familles du comté de San Diego. Figurant parmi les organisations locales les plus diversifiées de la région, nous comblons de manière unique les inégalités raciales, culturelles et économiques. »

 

La synergie politique et religieuse des « non partisans »

« Non partisan, diversifié, multiconfessionnel », ce réseau vise à réduire « les inégalités raciales, culturelles et économiques » : il suit le programme politique de l’inclusion arc-en-ciel. Et il le fait sur les ailes d’une sorte de protestantisme vaticinateur : « Nous libérons le pouvoir prophétique des citoyens pour faire régner la justice, l’égalité et de meilleures opportunités dans leurs communautés. Ensemble, nous construisons une nouvelle vision du possible dans le comté de San Diego. » Le détail du programme est éclairant : « Réforme du système judiciaire : nous démantelons les systèmes injustes et racistes qui criminalisent, emprisonnent et expulsent de manière disproportionnée les personnes de couleur et la population sans abri. Justice pour les immigrants : nous préconisons une voie vers la résidence légale et permanente des familles immigrantes, afin que nous puissions participer ensemble notre prospérité partagée. » Et comme le clame Terrell Fletcher, ancien joueur de football américain et présentement « évêque » et pasteur principal de l’église internationale City of Hope à San Diego : « Nous ne représentons pas seulement les luttes. Nous représentons la solution. » On aura compris la méthode : de même que la révolution arc-en-ciel par le climat s’autorise de la Science avec un grand S, la révolution inclusive par l’immigration s’autorise de la Religion avec un grand O comme Œcuménisme.

 

Pauline Mille