« Invoquons des démons » : un jeu « pervers » de cartes pour enfants

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Un style années 1950, avec des enfants sages et même un nounours à l’ancienne, vu de dos : le graphisme adopté par son auteur Steven Rhodes pourrait tromper une mamie un peu distraite. Mais on y voit un garçonnet entouré de bougies allumées couché sur un pentagramme, entouré d’autres enfants tout prêts pour le jeu de cartes que cache l’emballage : « Invoquons des démons ». Edité en plusieurs langues et disponible sur Amazon, le jeu consiste à capturer des âmes pour attirer l’attention des anges déchus. Et cela n’a rien d’innocent : quand on appelle le diable, on lui ouvre une porte qu’il a toutes les raisons de vouloir franchir.

Une brève description du jeu explique : « En démarrant seulement avec ses fiables bougies, chaque joueur doit collecter des âmes – et ensuite les dépenser – pour recevoir de l’aide sous forme de filles, garçons et animaux du “bloc”. Mais surtout ne te prends pas d’affection pour tes nouveaux amis : dès qu’ils t’auront rapporté davantage d’âmes, il faudra commencer à les “sacrifier” (les défausser) pour “invoquer des démons !” Remporte le jeu celui qui, le premier, aura invoqué trois démons tout en ayant au moins dix âmes dans sa réserve. »

 

Invoquons des démons, un jeu pour enfants fait le tour de la planète

D’abord paru chez Don’t Panic Games en 2022, c’est en 2024 que la version espagnole a été lancée par Gen X et elle circule désormais en Espagne et dans de nombreux pays latino-américains, sans rencontrer, grâce à Dieu, un succès spectaculaire. Mais le jeu circule sans encombre et a même suscité la production de produits dérivés, tels des t-shirts portant l’image du couvercle de la boîte décrite plus haut.

On s’échange des avis sur internet et comme pour les innombrables jeux qui sont venus depuis quelques années enrichir une offre qui ne se limite plus aux sempiternels Monopoly ou Cluedo, il existe des tutoriels et des évaluations dans la presse spécialisée. Celle-ci salue « l’humour décalé » de Let’s Summon Demons (le titre original) et la stratégie qu’on peut y déployer – et s’abstient de tout commentaire moral négatif, histoire de ne pas paraître étroit d’esprit, sans doute.

Mais les esprits, eux, sont précisément friands de l’ouverture dont fait preuve ce jeu aux relents satanistes. Il est des choses avec lesquelles on ne joue pas. Le monde hispanophone l’a compris où une campagne a été lancée pour demander à Amazon de ne plus diffuser ce jeu « pervers ».

 

Anne Dolhein