Dimanche, le président iranien Hassan Rohani a salué la levée des sanctions économiques internationales contre son pays, au lendemain de l’entrée en vigueur de l’accord nucléaire conclu en juillet dernier entre l’Iran et les grandes puissances. Une satisfaction partagée en Occident, et notamment par Barack Obama qui, à la Maison Blanche, se félicitait de ce que l’Iran ne se dote jamais de l’arme nucléaire. Satisfaction de courte durée cependant puisque, quelques heures plus tard, Washington annonçait de nouvelles sanctions contre le programme balistique iranien provoquant une nouvelle fois la colère de Téhéran.
Sanctions ou pas sanctions ? Dimanche matin, c’était l’effervescence en Iran. Au lendemain de l’application de l’accord nucléaire, le corollaire de levée des sanctions occidentales apportait un nouveau bol d’air à Téhéran à un moment où la rivalité ravivée entre chiites et sunnites renforce la tension avec l’Arabie saoudite.
Entrée en vigueur de l’accord nucléaire avec l’Iran
Le président Hassan Rohani évoquait même devant le Parlement un « tournant » pour l’économie iranienne, avec notamment la perspective de relever les exportations de pétrole brut : « Les négociations nucléaires qui ont réussi avec les conseils du Guide suprême et le soutien de notre pays ont vraiment été une page en or dans l’histoire de l’Iran. »
Hassan Rohani allait plus loin en ajoutant : « L’accord nucléaire est une occasion que nous devons saisir pour développer le pays, améliorer le bien-être de la nation et créer stabilité et sécurité dans la région. »
Preuve de sa satisfaction, Téhéran avait libéré quelques heures plus tôt cinq Américains dans le cadre d’un échange de prisonniers avec les Etats-Unis, Washington annonçant de son côté la libération de sept Iraniens, dont six ont aussi la double nationalité, arrêtés aux Etats-Unis pour avoir violé les sanctions qui frappaient jusque là la République islamique.
Outre la question pétrolière, plusieurs dizaines de milliards de dollars d’avoirs iraniens, gelés dans le cadre des sanctions, vont être réintégrés dans le circuit économique, tandis qu’un certain nombre d’entreprises internationales espèrent bien pouvoir investir sur le marché iranien de 80 millions d’habitants.
« Construire et croître », tel est donc le mot d’ordre du président Rohani, qui compte attirer 30 à 50 milliards de dollars d’investissements étrangers dans les cinq prochaines années pour porter la croissance iranienne à 8 %. Téhéran a d’ores et déjà annoncé son intention d’acheter 114 avions Airbus…
Réactions mitigées
A Washington ce même dimanche, Barack Obama se félicitait de ce que, « grâce à une diplomatie américaine forte », l’Iran ne puisse finalement pas se doter de l’arme atomique.
L’accord ne satisfait pas cependant tout le monde, loin de là. Dans la région, l’Arabie saoudite et ses alliés font grise mine, même si les Etats-Unis ont promis de veiller à l’équilibre de la région, qui est, depuis déjà des années, une espèce de chimère.
Pour des raisons différentes, mais en définitive similaires, Israël marque son scepticisme. Samedi soir, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a publié un communiqué dans lequel il affirme : « Même après la signature de l’accord nucléaire, l’Iran n’a pas abandonné ses aspirations à acquérir l’arme nucléaire et continue à agir pour déstabiliser le Moyen-Orient et répandre le terrorisme dans le monde en violant ses engagements internationaux. »
Des sanctions aux… sanctions
Enfin, aux Etats-Unis, une bonne part de l’opposition républicaine continue de marquer son désaccord avec la démarche présidentielle. C’est sans doute en partie pour les rassurer, et sans doute aussi pour marquer qu’il continue à détenir les bonnes cartes, que Barack Obama a déclaré en outre que tous les différends avec Téhéran n’étaient pas réglés. Citant ainsi le programme de missiles balistiques mené par l’Iran, le président américain a aussitôt annoncé de nouvelles sanctions contre Téhéran, au grand dam des autorités iraniennes qui les ont déclarées « illégitimes », le programme balistique de l’Iran n’étant pas conçu pour avoir la capacité de transporter des têtes nucléaires.
Le bras de fer continue donc, les Etats-Unis, quoi qu’il en soit par ailleurs, ne pouvant renoncer à être les gendarmes du monde.