Mercredi, peu après l’annonce du fructueux tir d’essai d’un missile longue portée, l’Iran a diffusé pour la première fois les images d’une longue formation de missiles souterrains avec leurs lanceurs. En prévision d’une offensive ? Diantre, jamais ! C’est seulement pour le cas « où des ennemis feraient une erreur », ont déclaré les responsables… Une communication savamment orchestrée dont les pays du Golfe ont parfaitement compris le message : ils vont jusqu’à faire appel à la technologie d’Israël, pays qui ne leur est, pourtant, pas vraiment cher…
Les missiles : une démonstration de force
Les images sont impressionnantes : un tunnel de plusieurs centaines de mètres de long, rempli de lourds véhicules porteurs de missiles. Selon les déclarations du commandant de la division de l’aérospatiale des Gardiens de la Révolution de la République islamique, il y en a de semblables dans tout le pays, dans toutes les provinces. Et aucun satellite ou système d’espionnage ne peut les détecter : ils sont enfouis à une profondeur de 500 mètres et cachés dans les montagnes…
Ils seraient prêts à être lancés, au premier ordre du commandant en chef suprême, l’ayatollah Ali Khamenei. Cette année, les missiles longue portée seront même remplacés par ceux de la nouvelle génération et fonctionneront aux carburants solides et liquides.
L’Iran n’a pas signé l’accord prévu contrairement aux dires de la presse occidentale
Une démonstration de force, sans aucun doute. Le général a même ajouté que l’Iran organiserait, dans un avenir proche, des manœuvres militaires de grande ampleur. La preuve est donnée, volontaire, que l’armée n’a été en aucune manière affaiblie… C’est une réponse aux puissances occidentales, et plus particulièrement aux États-Unis.
Mais le Parlement iranien a pourtant approuvé, mardi, l’accord nucléaire négocié le 14 juillet dernier avec le groupe des Six ? Pas vraiment en réalité, et ça, aucun média occidental ne l’a signalé : le parlement iranien a rejeté, mardi, le texte juridique officiel et approuvé sa propre version qui diffère sur quelques points dits « mineurs »…
A savoir qu’il prévoit, selon un chroniqueur du New York Post, l’annulation et non la suspension des sanctions contre le régime de Téhéran. Ainsi que, et ce n’est pas le moindre, le démantèlement parallèle du programme d’armement nucléaire d’Israël. Le Middle East Center Media Research (MEMRI), une organisation régionale de surveillance, a précisé que ces demandes avaient émané du chef suprême Ali Khamenei qui, il n’est pas besoin de le rappeler, a toujours refusé d’honorer l’accord d’Obama…
Silence radio des États-Unis
Les États-Unis ont dit à plusieurs reprises que les options militaires contre l’Iran resteraient d’actualité pendant quelques années, en dépit de l’accord nucléaire. Téhéran ne veut pas de cette épée de Damoclès occidentale et montre clairement qu’elle n’en fera qu’à sa tête.
Hier, jeudi, le Président du Parlement iranien l’a d’ailleurs confirmé : « Les Occidentaux poursuivent leur aventurisme. Nous devons promouvoir notre disponibilité, proportionnellement à ces menaces. Les forces armées iraniennes, notamment, celles du corps des Gardiens de la Révolution islamique, (CGRI), doivent rester fortes, pour pouvoir accomplir leur mission d’importance, qui est celle de défendre la Révolution islamique ».
La question qui se pose désormais, c’est celle de la réaction américaine dont on n’entend pour l’instant aucun écho… Après la confirmation de l’essai, dimanche, du premier missile iranien longue portée, la Maison Blanche avait admis qu’il était probable que l’Iran avait violé la résolution 1929 du Conseil de sécurité de l’ONU qui interdit à l’Iran de mener des activités liées « aux missiles balistiques pouvant emporter des armes nucléaires, y compris les tirs recourant à la technologie des missiles balistiques ». Mais avait très fortement insisté sur le fait que cet incident ne violait pas le Plan d’Action, accord international sur le programme nucléaire de Téhéran.
Réaction en chaîne des pays du Golfe
En revanche, on entend d’autres voix, dans un concert plus inhabituel. Face à cette menace iranienne – considérée comme telle – les pays du Golfe se mettent, en effet, à lorgner sur le système de défense israélien. Et sont allés jusqu’à demander à ce pays, qu’ils ne reconnaissent même pas en tant qu’état souverain, les fruits de sa technologie militaire avancée, en particulier son Dôme de fer – geste lourd de symbole !
Bien qu’onéreux, le système de défense aérienne mobile israélien, conçu pour intercepter des roquettes et obus de courte portée, a fait ses preuves contre les tirs palestiniens et autres. Le Système Flèche, système d’interception de missiles balistiques de longue portée, est également susceptible de les intéresser.
La transaction pourrait s’élever à des milliards de dollars – pour un bouclier défensif, soit dit en passant, développé par Israël de concert avec les États-Unis…
Recomposition au Moyen-Orient autour d’Israël ?
La composition géopolitique du Moyen-Orient peut s’en trouver toute ébranlée. Le ministre des Affaires étrangères de Bahreïn l’a récemment déclaré lors d’un voyage à Londres : la menace posée par le régime iranien a bien créé un intérêt commun pour les États arabes et Israël…
Il a affirmé que les pays du Golfe n’avaient que des doutes sur le bien-fondé et le réalisme de l’accord nucléaire quant à ses effets stabilisateurs dans la région. Selon ses mots, les États-Unis jouent à « l’arbitre », et de façon « naïve » – mais qui peut croire encore à la naïveté des États-Unis ?!
Le fait est que, à l’instar des pays du Golfe, Téhéran joue un rôle certain dans les conflits actuels, accusée de soutenir les rebelles chiites Houthis au Yémen contre la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite, fournissant des armes aux groupes terroristes du Hamas et du Hezbollah, toute prête à envoyer des troupes en Syrie pour soutenir Damas…
Et que le pays est sur le point de recevoir des dizaines de milliards de dollars d’actifs non gelés.
Elle est pour quand l’explosion ?