Israël a annoncé, mardi, avoir abattu « un avion syrien qui s’était infiltré dans l’espace aérien sur le plateau du Golan ». L’appareil, un Sukhoï 24, a été abattu par une batterie de missiles Patriot de défense aérienne, a précisé Tsahal (armée israélienne). « Nous réagirons avec force contre toute tentative de menacer notre sécurité et de violer notre souveraineté », a réagi le ministre de la Défense Moshé Ya’alon.
Apparemment, l’avion aurait pénétré par erreur dans l’espace aérien contrôlé par Israël, alors qu’il s’apprêtait à frapper des positions tenues par des factions rebelles près de Quneitra. Les deux pilotes ont, semble-t-il encore, eu le temps de s’éjecter au-dessus du territoire syrien.
La Syrie proteste
Damas a aussitôt dénoncé cet incident, le plus sérieux depuis une trentaine d’années malgré les accrochages réguliers. Et la télévision nationale syrienne, sans crainte d’envenimer la situation, a déclaré que l’avion avait été abattu par Israël « dans le cadre du soutien aux terroristes de l’Etat islamique et au Front al Nosra ».
A quoi le général Ram Shmueli, ancien chef des renseignements de l’armée de l’air, a répondu : « Même si tout laisse à penser que ce Sukhoï 24 a franchi la frontière de façon accidentelle, et qu’il s’agit donc d’un événement isolé, Israël ne peut prendre le risque de laisser pénétrer son espace aérien par des avions chargés de munitions. »
Le plateau du Golan, objet de convoitises
Il faut dire que la situation est particulièrement tendue entre les deux pays, au point que tout incident prend immédiatement des proportions dramatiques. Officiellement en guerre, les deux pays se disputent toujours le plateau du Golan dont Israël occupe, malgré la non-reconnaissance de la communauté internationale, à peu près les deux tiers depuis 1967.
Israël se justifie aujourd’hui, en expliquant s’inquiéter du risque de déstabilisation du Golan par les djihadistes. Peut-être ! Mais lorsque des tirs de roquette ou de mortier frappent la partie du Golan sous leur contrôle, à l’occasion notamment de combats entre soldats et rebelles syriens, c’est la plupart du temps sur les positions de l’armée syrienne qu’Israël riposte.
Frappes américaines
On est d’autant plus nerveux de part et d’autre que, depuis lundi soir, les Etats-Unis (et leurs alliés) ont lancé plusieurs dizaines de frappes contre l’Etat islamique.
Malgré les relations plus que délicates entre la Syrie et les Etats-Unis, qui considèrent illégitime le régime du président Bachar al-Assad, Damas a affirmé avoir été informé lundi de l’intention de Washington de frapper les positions djihadistes. « La Syrie, précise un communiqué, soutient tout effort international pour combattre le terrorisme, celui de Daesh [un des acronymes de l’Etat islamique] et d’al-Nosra, tout en insistant sur le respect de la souveraineté nationale. »