Nous vivons une situation totalement inédite. Passant outre à l’opposition du Congrès dans son ensemble, mais aussi à celle de l’opinion publique, l’administration de Barack Obama a saisi l’occasion de la réélection de Benjamin Netanyahu comme Premier ministre d’Israël pour mettre fin à son soutien à l’Etat hébreu, y compris à l’ONU, pour continuer de promouvoir la création d’un Etat palestinien fermement rejetée par le leader israélien. La Maison Blanche a indiqué jeudi que le veto américain sur la reconnaissance de l’Etat palestinien est en voie de « réévaluation » au vu des déclarations de Netanyahu. Un « lâchage » sans précédent d’Israël par ses alliés de toujours, les Etats-Unis, qui s’inscrit dans le contexte plus large de la nouvelle attitude des Etats-Unis face à l’Iran, dénoncée par le Premier ministre israélien lui-même devant le Congrès américain.
Cette déclaration de la Maison Blanche fait suite aux commentaires peu amènes par lesquels la Maison Blanche accueillait la nouvelle de la réélection de Netanyahu, et réaffirmation, mercredi soir, par Obama – cité par un porte-parole officiel – de sa foi en l’Etat palestinien et de son « inquiétude » devant la rhétorique de « division » adoptée par le Premier ministre israélien à la veille des élections. Une rhétorique, faut-il le rappeler, qui avait pour objectif de convaincre un électorat frileux et de séduire les partisans des mouvements à « droite » du Likoud à l’heure où Netanyahu semblait encore vouloir rester fidèle à son engagement d’accepter la Palestine en tant qu’Etat démilitarisé.
Netanyahu sérieusement menacé par Obama : la fin du soutien inconditionnel ?
Les élections gagnées, Netanyahu fait face désormais à une situation dangereuse. Israël a beau se vouloir un Etat fort, sa position au Proche-Orient, entouré d’Etats potentiellement très hostiles, voire belliqueux, le rend incapable à assurer seul sa défense. A l’ONU, le soutien des Etats-Unis lui a souvent sauvé la mise : on pouvait compter sur l’Amérique pour opposer son veto à toute résolution hostile à l’Etat hébreu, ou que celui-ci n’approuvait pas. Il en est allé ainsi de la résolution sur le cessez-le-feu dans la guerre du Liban en 2006, qui n’a reçu l’approbation des Etats-Unis qu’à partir du moment où Jérusalem a donné son feu vert.
La couverture diplomatique d’Israël devant l’ONU et ailleurs est-elle aujourd’hui en danger ? Tout comme le soutien financier que les Etats-Unis lui assurent depuis bien longtemps ?
La question que se pose la presse américaine – qui ne croit pas vraiment aux menaces clairement exprimées par Obama – est de savoir si Netanyahu va plus ou moins discrètement revenir sur ses positions taillées sur mesure pour remporter les élections israéliennes. Ce qui suffirait à rouvrir la voie des négociations à propos de l’Etat palestinien. Mais un ancien haut responsable de l’administration Obama a déclaré à politico.com que le Premier ministre israélien s’est montré sous son vrai jour.
Il est vrai que le contexte de la région, avec la montée d’un islamisme de plus en plus sanglant et l’hostilité affichée par Israël à toute idée de négociation nucléaire avec l’Iran, militent en ce sens.
Iran, Palestine : les Etats-Unis s’alignent sur l’ONU face à Israël
La brutalité des propos de l’administration des Etats-Unis laisse prévoir la consommation de sa rupture officielle avec la politique de soutien inconditionnel à Israël – et met à mal, dans le même temps, le discours de ceux qui dénoncent un « complot américano-sioniste » appuyé sur la haute finance.
Eh bien justement : la haute finance, par le biais des régulations boursières, des obligations imposées aux banques, des amendes, de la traque des super-riches et de leurs cachettes fiscales, est en train d’être mise au pas en même temps que l’économie mondiale est de plus en plus dirigée par des forces globalistes, par le biais des mesures prises par des banques centrales échappant au contrôle souverain.
Israël, si longtemps portée à bout de bras pour diverses raisons, se voit mettre au pas d’une manière analogue, tandis que les Etats-Unis entrent de plain-pied dans le concert de l’ONU, en répondant à ses exigences.
Le mondialisme, ce n’est pas les Etats-Unis + Israël
C’est ce qui les pousse, notamment, à s’ouvrir aux négociations avec l’Iran qui fait pourtant partie de la sphère de la Russie, dont on nous dit si volontiers – surtout au sein d’une certaine droite nationale française et européenne – qu’elle est la force qui permettra de contrer le poids et la domination des Etats-Unis…
Il va falloir revoir les schémas. Et comprendre que si les Etats-Unis rompent avec leur soutien inconditionnel à Israël, c’est au service d’une idéologie et d’objectifs mondialistes qui se cachent de moins en moins, et dont les grands « blocs » apparemment opposés sont aussi des éléments qui ont vocation à s’y retrouver.