Les uns l’appellent l’Hôtel Étrange, son créateur lui préfère l’épithète d’« Hôtel évolutif ». Il vient tout juste d’être inauguré et soulève déjà les enthousiasmes des générations connectées… Au Henn na Hôtel, au Japon, pas l’ombre d’un humain – au moins en apparence : tout est robotisé… hormis les clients qui s’y pressent désormais. De la prise en charge de leurs bagages à l’enregistrement numérique de leur « visage-client », ils souscrivent à un nouveau monde, dominé par des machines. Le phénomène, emblématique, sacrifie via ces robots à l’innovation et surtout à la très prochaine réduction du coût de la main d’œuvre…
L’hôtel futuriste de demain : Henn na Hôtel
Dès la réception, vous êtes confronté à une humanoïde aux longs cils clignotants, habillée d’un tailleur ad hoc et parlant le japonais. Surprise, l’anglophone qui l’accompagne n’est autre qu’un vélociraptor terrifiant à la panoplie du serveur, couvre-chef et nœud papillon – un « Jurassik Park » domestiqué. Quant au long bras robotisé qui se saisit de votre bagage, il appartiendrait à un vaisseau de « Star Wars ». Curieux mélange, soit dit en passant, ô combien révélateur, qui mêle l’humain, l’animal et la chose… ou encore l’univers japonais réaliste et l’univers américain fictif.
Pas besoin de clé pour circuler dans l’hôtel, la reconnaissance faciale joue son rôle à merveille – on imagine à l’échelle d’un pays, le potentiel de surveillance et de contrôle d’un tel système. Tout se commande via des tablettes. Dans les 72 chambres du complexe, c’est un petit robot de la taille d’une lampe, nommé Tully, qui répond à toutes vos questions – ou presque. C’est lui qui éteint et allume vos lumières. La climatisation et le chauffage sont adaptés en fonction de la température du corps des hôtes.
Le créateur a voulu des prix attractifs pour mieux séduire une clientèle encore sans doute un peu étonnée. La première chambre est à ¥ 9000, soit 99 $, une bonne affaire au Japon, où une nuit dans un hôtel de gamme similaire coûte rapidement deux, voire trois fois plus. Il souhaite ouvrir rapidement un deuxième complexe et exporter le modèle à l’étranger.
Le Japon, pays des robots
Alors, bien sûr, il reste beaucoup d’améliorations à apporter. Le service de chambre n’est pas optimisé. Le spectacle de drones n’est pas au point. Le propriétaire a préféré ne remplir les chambres qu’à moitié pour les premières semaines et les journalistes n’ont pu y passer la nuitée prévue. Question de sécurité…. Laquelle sécurité, d’ailleurs, est assurée par une dizaine de vrais humains qui, avec moult caméras et moniteurs, vérifient en permanence tous les coins de l’hôtel – et les chambres ?
La robotique poserait-elle d’autres problèmes, de nouveaux problèmes que ne posent pas les humains ?
Qu’importe. Le Japon montre la voie en la matière, en tant que leader mondial dans la technologie de la robotique ; elle est même un pilier de sa stratégie de croissance face à une population qui vieillit dramatiquement et pourrait aussi devenir un élément clé dans la résolution de catastrophes sanitaires telles que Fukushima.
A l’hôtel, en tout cas, les robots sont déjà là.