Les JO de Paris promeuvent un nouveau « nous » arc-en-ciel

JO Paris nous arc-en-ciel
 

Les JO de Paris auront été marqués par un grand nombre de médailles françaises et en même temps par une certaine ivresse des spectateurs et des responsables sportifs et politiques : la presse étrangère, notamment allemande et grecque, nous juge chauvins. A l’extrême gauche, on en tire argument pour affirmer que les JO exaltent le sentiment national des peuples pour empêcher leur émancipation. C’est un contresens. La révolution arc-en-ciel a au contraire pour objectif de produire un homme nouveau sans frontière de nation, de race, de sexe sur une terre divinisée. Elle instrumentalise l’excitation sportive pour promouvoir une nouvelle France bariolée, à l’opposé de ses racines blanches et chrétiennes.

 

Nous, nous tous : qui, Nous ?

Le principal slogan de campagne de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron en 2022 disait simplement : « Nous tous ». Aujourd’hui, il serre presque tous les vainqueurs français dans ses bras, y compris Teddy Riner dont il a du mal à faire le tour, pour manifester son plaisir de voir ce « Nous tous » si bien réussir. La question est : qui est ce Nous ? Depuis le mondial gagné par la France en 1998, l’ancienne équipe tricolore de football rebaptisée « Les bleus » a servi à faire la promotion de la France « Black-blanc-beur » avant de finir monochrome. Les bleuets qu’a rassemblés l’entraîneur Thierry Henry, avec les fonds de tiroir de Didier Deschamps, ont repris le flambeau et jouaient vendredi 9 août 2024 la finale des JO contre l’Espagne. Et Thierry Henry, qui disait en juillet avant d’entrer en compétition : « A nous de ramener les gens avec nous », se félicite aujourd’hui : « On a un beau pays quand même. Quand on décide d’être ensemble, on est inarrêtable. » On, nous, les Français. Les Français du vivre ensemble.

 

L’arc-en-ciel d’Hidalgo sur les JO de Paris

Cela rejoint Anne Hidalgo, qui exulte de son côté, on en a déjà un peu parlé : « Quand il y a un ressenti partagé de fraternité, de sororité, d’humanisme, qui fait qu’on se sent bien, nous les Parisiens, nous les Français, on est fiers ! Il se produit quelque chose d’incroyablement positif, et même de bonnes nouvelles, je trouve, pour l’humanité, parce qu’il y a une connexion qui se fait entre les gens, sur quelque chose, où ils disent : c’est pas complètement foutu, on peut être ensemble et être heureux ensemble, on peut prendre plaisir à rencontrer des gens tellement différents de soi. » Elle précise. Avec elle, « Paris, c’est la ville de toutes les libertés, la ville refuge des LGBTQI+, la ville où on vit ensemble, une ville où il y a une femme maire, de gauche, en plus d’origine étrangère et binationale, en plus féministe et écologiste ». Et elle conclut : « Le message de l’extrême droite, il est écrabouillé par ces Jeux et par la cérémonie d’ouverture. » Ce rappel d’une cérémonie d’ouverture sacrilège et volontairement clivante est instructif : Anne Hidalgo confirme que la « déconstruction » de la France et de son identité était consciente et volontaire. L’ambition politique ici affirmée est claire : promouvoir l’arc-en-ciel sous ses trois drapeaux : l’invasion/métissage, l’empire écologiste, et la subversion LGBTQ+. Et « écrabouiller » le message de « l’extrême-droite », tel qu’il s’exprime par exemple en Angleterre.

 

Mélenchon promeut un nouveau peuple pour prendre le pouvoir

Et cela rejoint aussi le nouveau thème que Jean-Luc Mélenchon a opposé dès le soir des élections européennes à la France « raciste » et « rance » de « l’extrême-droite ». Le chef de la France insoumise a longtemps promu la « 6ème République », il enfourche maintenant un nouveau cheval de bataille, celui de la « Nouvelle France ». Sa France à lui, « métissée », mélangée, créolisée, celle formée au cours des « deux dernières générations » par les populations qui se mêlent dans le creuset des « grands ensembles urbains ». Ceux dont les parents ont « émigré des autres continents et des autres provinces de France ». Reprenant la stratégie de Terra Nova, qui est de remplacer au profit de la révolution arc-en-ciel le prolétariat de souche par le prolétariat immigré, il s’est exclamé : « La nouvelle France doit se dresser. » Et le 12 juillet, devant ses militants rassemblés au siège du parti des travailleurs, il a précisé son plan d’action : « La Nouvelle France est celle qui refuse d’être la France réactionnaire et colonialiste. Ce sont les populations racisées, féminine et de la jeunesse. C’est celle qui s’est levée et que nous allons appeler à la conquête du pouvoir en 2027. »

 

Les émeutes arc-en-ciel sont de bonnes émeutes

On notera avec amusement que le logo du Nouveau Front Populaire est bariolé aux couleurs de l’arc-en-ciel, mais avec quelque inquiétude l’analyse que donne Jean-Luc Mélenchon du nouveau Nous qu’il promeut, dans son livre Faites mieux ! Vers la Révolution citoyenne (2023). Publié deux mois après les émeutes urbaines de juin 2023, on peut lire notamment : « Et dans la révolte les cibles parlent comme des symboles évidents. Comment ne pas y voir la colère contre l’Etat quand les mairies et les commissariats sont incendiés ? L’injustice sociale quand les écoles et agences Pôle emploi sont saccagées ? La vie chère subie quand les rayons alimentaires des supermarchés sont vidés ? L’ampleur des inégalités quand les boutiques de luxe sont pillées ? » Cette explication au goût de justification se conclut ainsi : « Dans tous les cas, l’appropriation du territoire devient l’enjeu énoncé par les participants. Au discours des autorités et des commentateurs pour désigner des modalités d’action conquérantes répond celui des insurgés pour nommer les combats contre un occupant. »

 

Pluie de médailles et d’arc-en-ciel sur les JO de Paris

Voilà une pensée révolutionnaire écrite noire sur blanc qui prend toute sa valeur quand le député LFI Raphaël Arnault, fiché S pour violences, va en Angleterre participer à une manifestation antifasciste contre les « émeutes » du Royaume-Uni. La révolte des banlieues et des « grands ensembles urbains » est bonne quand elle s’exerce contre la France « colonialiste », elle exprime la volonté légitime que nous avons, nous Français de la Nouvelle France, racisée, jeune et féminine, de nous débarrasser de « l’occupant » de souche. La révolte des bourgs et villes britanniques contre le Nouveau Royaume-Uni est mauvaise, car elle s’oppose au vivre ensemble. L’antifascisme sans frontières doit imposer partout le vivre ensemble sans frontière. Et les JO, leur cérémonie d’ouverture en attendant celle de clôture, leurs pluies de médailles et leur euphorie, sont là pour y contribuer.

 

Pauline Mille