Ils étaient avant tout des gens qui ne se croisent jamais : des familles en colère, des « bonnets rouges », des groupes identitaires, du personnel médical, des cavaliers, des fans de Dieudonné… Mais ils voulaient ensemble crier leur colère contre le « système ». La « coagulation » que redoutait le gouvernement il y a quelques mois est-elle en train de se produire ? En tout cas le pouvoir et ses médias ont tout fait pour minimiser l’événement et le présenter sous un jour défavorable. Comme s’ils voulaient mettre la France sous pression. Reportage.
Selon la police, ils étaient 17.000 dans les rues de Paris à l’appel du collectif « Jour de Colère », et 120.000 selon les organisateurs. Pour l’observateur qui n’a pas l’habitude des comptages, il est difficile de donner une évaluation précise, mais il y avait beaucoup de monde, deux ou trois fois plus que lors de la marche pour la vie le dimanche précédent. Un cortège dense mais surtout inédit qui criait sa colère contre le gouvernement et même plus largement le « système » : élites politiques et médias « aux ordres ».
Slogans et banderoles montraient le caractère hétérogène de la manifestation : « Non au racket fiscal », « colère patriote et identitaire », « Oui à la liberté d’expression », « Occupe-toi du chômage », « Non au mariage homosexuel »… Bref, toutes les thématiques qui ont régulièrement poussé les français dans la rue cette année.
La jeunesse sacrifiée
Les manifestants ont crié leur colère, déterminés mais pacifiques sous la pluie pendant tout l’après-midi avant d’entendre de nombreux discours à leur arrivée place Vauban avec un message commun à tous « nous sommes dirigés par de la m…, mais nous ne céderons plus, notre colère ira jusqu’au bout ». « Jamais personne n’a autant souillé cette fierté si saine d’être Français, vous êtes des traîtres » affirmait un jeune homme sur scène, laissant son micro à une mère de famille : « L’école est dans un état lamentable et votre priorité est le gender ? Nous protégerons nos enfants par tous les moyens qu’il faudra » avant de citer également la jeunesse, largement majoritaire dans le cortège : « Vous appelez « jeunes » ceux qui sont des délinquants et vous sacrifiez la vraie jeunesse de France. Elle est là, en colère ! »
François Hollande était la cible de tous: « Vous devriez être le serviteur acharné de votre peuple qui souffre, Monsieur de le Président… Si vous voulez avoir une vie normale, alors démissionnez ! » criait Thierry, l’un des organisateurs de la journée, du haut de la scène avec les encouragements massifs de son public.
Hollande en haute cour
Avant la dispersion, le collectif a annoncé à la foule la demande de destitution de François Hollande déposée au Parlement en vertu de l’article 68 de la Constitution qui stipule que « Le président de la République peut être destitué en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat. La destitution est décidée par le Parlement constitué en Haute Cour ». C’est donc sur cette promesse de ne rien lâcher tant que les parlementaires ne répondront pas à cet appel que les manifestants ont commencé à quitter la place Vauban. C’est à ce moment que les choses ont commencé à « déraper », selon l’expression consacrée. Les télévisions ont montré complaisamment des jeunes excités envoyant des projectiles sur les forces de l’ordre. Il n’est pas encore possible de déterminer aujourd’hui l’identité de ces individus ultra-minoritaires. Mais il est certain que le dispositif mis en place par le ministre de l’intérieur visait à provoquer des incidents. Seulement quelques minutes après l’appel à la dispersion, la place était bloquée par les CRS, qui ont empêché une dissolution pacifique et commencé à gazer les manifestants, femmes et vieux compris. C’est à ce moment qu’ont eu lieu mouvements de paniques et violences.
250 personnes ont été placées en garde à vue, dont des journalistes indépendants.
Pour rappel, lors des affrontements du Trocadéro durant lesquels des « jeunes » supporters de football s’étaient livrés à des brutalités inouïes, seules 21 personnes avaient été placées en Garde à vue… Le ministre de l’intérieur continue à faire monter la tension. Que cherche-t-il ? A mettre la France sous pression ?