Six jours derrière les barreaux, sans aucune date de sortie : Kim Davis, l’officier d’état civil du Kentucky qui a refusé de coopérer à la délivrance de certificats de mariage pour les paires de même sexe, était prête à rester indéfiniment en prison. Elle a finalement été libérée, mardi, sur ordre du juge Bunning qui avait ordonné son incarcération jusqu’à ce qu’elle change d’avis, sans pour autant se soumettre à son injonction de signer les certificats délivrés par le bureau dont elle est officiellement la greffière habilitée, un poste auquel elle a été élue selon la procédure en vigueur dans le comté de Rowan. Sur ses six employés, cinq acceptent désormais de délivrer les certificats pour les « mariages » gay, mais la légalité de celle-ci est douteuse compte tenu du refus de Mme Davis de les signer. C’est la résistance collective dans la rue qui semble avoir payé…
Le juge Bunning s’est en tout cas déclaré « satisfait » en voyant les autorisations de mariage réalisées dans les bureaux de Kim Davis que lui ont fait voir divers paires de même sexe depuis vendredi dernier.
Le juge ordonne la sortie de prison de Kim Davis en lui demandant de se soumettre à ses conditions
L’ordre de libérer Kim Davis est intervenu à quelques heures d’une manifestation qui devait réclamer sa libération, alors que deux candidats présidentiels avaient pris parti pour son droit de refuser de signer des certificats pour les paires gays en conformité avec sa foi religieuse. Ted Cruz et Mike Huckabee ont sans doute pesé dans la balance, parlant tous deux de « tyrannie judiciaire » ; le deuxième avait même annoncé sa venue à la manifestation et il a finalement accueilli Mme Davis lorsqu’elle a franchi les portes du centre de détention où elle était à l’isolement depuis le 3 septembre.
Le juge Bunning a affirmé que Kim Davis subira de nouvelles sanctions si elle empêche ses employés de délivrer des certificats à tout couple qui peut légalement y prétendre. Elle a indiqué à sa sortie de prison qu’elle persistera dans son refus de signer ou de délivrer aux paires homosexuelles des certificats portant son nom et sa signature, afin d’éviter de commettre un acte « peccamineux ».
Kim Davis persiste dans sa résistance au « mariage » gay
L’affaire Kim Davis pose la question du respect de lois illégitimes. La greffière part du principe qu’il est des lois morales supérieures à la loi civile, soutenue en cela par une partie des candidats républicains à la présidence : Cruz et Huckabee, mais aussi Rand Paul et Rick Santorum. Les autres – y compris Donald Trump – ont jugé l’incarcération de la greffière « excessive » mais maintiennent qu’elle doit « respecter la loi ». Selon le principe de laïcité maçonnique si largement partagé aujourd’hui, la loi positive s’impose toujours pourvu qu’elle soit adoptée de manière démocratique. « Non au lois morales qui primeraient les lois civiles » disait Chirac, et à sa suite Marine Le Pen, tandis que l’immense majorité des hommes politiques français partagent cette opinion en pratique.
Même dans le cadre d’un « gouvernement des juges ».