Il est le directeur du Mécanisme européen de stabilité : Klaus Regling, responsable des opérations de sauvetage dans la zone euro, vient de rejoindre le clan des européistes de Bruxelles qui veulent accélérer la mise en place d’institutions supranationales pour assurer la survie de l’union monétaire et de l’euro. Il réclame carrément une union fiscale totale, passant par la création d’un ministère des finances de la zone euro qui elle-même disposerait d’un parlement séparé, éventuellement constitué par les élus des pays concernés déjà présents au Parlement de Strasbourg.
C’est au Forum financier Eurofi qui se tient actuellement au Luxembourg que Kegling a réclamé qu’on aille au-delà de la « coordination de la politique économique » qui selon lui, a donné d’excellents résultats partout sauf en Grèce, faisant progresser la « compétitivité » et renforcé la « stabilité financière » tout en « réduisant la place laissée aux interférences politiques dans la gouvernance économique de la zone euro ».
Vers une zone euro dotée d’un président, d’un parlement et d’un ministère des finances européens
Le technocrate ne fait pas mystère de son approbation des divers mécanismes et institutions, telle la Banque centrale européenne, qui ont permis de mener des opérations au-delà et au-dessus des pays membres et de leurs velléités politiques. Et de se féliciter de tous les mécanismes, outils de surveillance (tels Eurostat) et autres institutions qui sont venus compléter et renforcer cette politique européenne unique.
« Néanmoins, il faut aller plus loin pour renforcer la robustesse et pour minimiser les points les plus vulnérables de l’union monétaire », assure Regling, pour qui les règles actuelles sont devenues « difficiles à comprendre même pour les spécialistes ». « Le Pacte illustre les limites d’une approche fondée sur les règles au sein d’une union monétaire rassemblant des pays par ailleurs souverains. (…) Les règles communes devraient céder la place à des institutions communes tels un Trésor de la zone euro financé par les Etats membres. Une telle décision impliquerait un déplacement significatif de souveraineté qui requiert une légitimité démocratique », dit-il. Histoire de mieux répartir les risques, on y ajouterait un système européen d’assurance des dépôts et une véritable union du marché des capitaux. Et pourquoi pas un « Président » dédié et à plein temps.
Klaus Regling, « Monsieur Stabilité », ne voit l’euro survivre qu’avec des abandons de souveraineté supplémentaires
Il rejoint ainsi les propositions du « rapport des cinq présidents » présenté au mois de juin et qui plaide lui aussi pour cette intégration accélérée au sein de la zone euro. Ce véritable « Fonds monétaire européen » a les faveurs de la France, mais non de l’Allemagne – pour l’heure.