La division du 1er Mai syndical

La division du 1er Mai syndical
 
Sur fond de profondes divisions syndicales, notamment face aux choix économiques du gouvernement, et donc contre « l’austérité », plusieurs dizaines de milliers de manifestants – entre 8.500 et 12.000 à Paris, et des rassemblements moins importants dans plusieurs autres villes de France – ont célébré le 1er mai. Quoi qu’il en soit, les cortèges étaient moins fournis que l’année dernière. La division syndicale n’est cependant que l’un des signes de la division et du désintérêt politiques qui frappent l’ensemble de notre pays.
 
CGT, FSU, Solidaires et UNSA ont marché ensemble à Paris, derrière une banderole proclamant : « Solidarité internationale des travailleurs pour la paix, le progrès et la justice sociale. Non à l’austérité. »
 
Cible principale des manifestants : la loi pour la croissance et l’activité du ministre de l’Economie Emmanuel Macron. Avec quelques slogans simplistes, tel : « Macron, c’est tout bon pour les patrons. »
 
Mais, au-delà du discours assez faible, même si Jean-Luc Mélenchon affirme être venu « montrer les dents », ce qui a significativement marqué ce 1er Mai, c’est la division syndicale. On a noté l’absence de Force ouvrière (dont le secrétaire général, Jean-Claude Mailly, était en meeting à Bordeaux, pour dénoncer, notamment, les « ravages démocratiques » à travers la politique économique de François Hollande), et de la CFDT (qui organisait, au même moment, un rassemblement pour les jeunes).
 

La division syndicale

 
Luc Bérille, secrétaire général de l’UNSA, a ainsi regretté que les syndicats français donnent une image de division : « Au moins pour le 1er Mai, on pourrait peut-être faire autrement dans le syndicalisme et offrir une autre image. (…) Le syndicalisme français est exagérément dispersé. »
 
Son homologue de la CGT, Philippe Martinez, a, lui aussi, souligné le besoin « d’unité, de rassemblement, l’unité des salariés surtout ». Certes, a-t-il ajouté, « il y a besoin de diversité syndicale, mais tout montre que la multiplication des syndicats ne favorisent pas l’adhésion ».
 
Sans doute parce que la diversité syndicale est essentiellement une façade, qui ne permet pas beaucoup aux salariés invoqués de faire la différence entre ces organismes. Cela dit, un seul bon gros syndicat communiste, auquel semble rêver le patron – pardon ! le secrétaire général de la CGT – ce serait, pour lui en tout cas, effectivement beaucoup plus simple…
 
Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de FO, a répliqué : « Le pluralisme syndical, c’est un signe de démocratie, (…) c’est quelque chose de sain. »
 
Tandis que le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, en froid avec Jean-Claude Mailly depuis que celui-ci l’a accusé de faire le jeu du Front national, affirmait, avec un certain bon sens, que « ce que les salariés attendent des syndicats, ce n’est pas forcément qu’ils soient unis de façon artificielle, c’est simplement qu’ils répondent à leurs préoccupations ».
 

Un 1er Mai favorable aux patrons…

 
Et d’ajouter : « Nous, on revendique un syndicalisme qui soit ouvert, qui soit fait de propositions et surtout qui soit tourné vers l’avenir et qui ne défende pas le monde du passé. »
 
Là, effectivement, lorsque l’on écoute la plupart de ses collègues, on peut dire qu’il y a du… travail !
 
D’autant que, selon le dernier sondage sur le sujet diffusé jeudi, moins d’un Français sur deux (45 %) juge les syndicats utiles, et moins d’un sur trois (31 %) pense qu’ils sont représentatifs des salariés.
 
Alors que, selon un autre sondage publié vendredi, 54 % des Français auraient une bonne opinion des chefs d’entreprises… Oui ! des patrons !
 

François le Luc