La volte-face de Martine Aubry et la motion de Cambadélis

La volte-face de Martine Aubry et la motion de Cambadélis
 
Très critique, ces dernières semaines, à l’égard de François Hollande et Manuel Valls, Martine Aubry a annoncé vendredi soir qu’elle ferait, en définitive, motion commune avec le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, pour le congrès du mois de juin. Une volte-face dont les raisons n’apparaissent pas clairement, mais qui laisse les frondeurs – ou ce qu’il en reste… – à peu près démuni au sein de la majorité.
 
« Nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas tout faire pour accompagner le président de la République pour que ce quinquennat soit réussi et réponde aux attentes des Français », a déclaré aux journalistes le maire de Lille et ancien ministre.
 
N’a-t-elle donc plus rien à dire ? Non, mais elle veut changer de stratégie. « Il vaut mieux être à l’intérieur. L’enjeu est trop important pour qu’on s’oppose sans être là où il faut peser. Et d’ailleurs, nos voix on les entendra », affirme-t-elle. Et de préciser : « On n’a pas rallié Jean-Christophe Cambadélis. (…) Nous avons travaillé ensemble. »
 

La volte-face de Martine Aubry rend la majorité à François Hollande

 
Bon ! L’important, aujourd’hui, se décline sur l’unité, affirme-t-elle donc en présentant son projet de motion commune. Un texte qui insiste, affirme-t-elle, sur la relance de la croissance et de l’emploi par l’investissement public et privé, et sur le progrès social, avec la nécessité d’un… « choc d’égalité ».
 
Le ralliement de Martine Aubry s’explique-t-il autrement que par ses grandes phrases et son verbiage sur l’unité ? Il y avait certes le calendrier qui imposait que les motions soient déposées vendredi minuit, pour être débattues ce samedi en conseil national, avant d’être soumises aux militants fin mai. Au total, de vingt-sept velléités originales, il ne devrait rester que quelques propositions de textes.
 
Si l’on n’est pas sûr de ce qu’y gagne Martine Aubry, on sait que ses proches ne s’en sont pas tous satisfaits. Ainsi, le député Christian Paul se retrouve-t-il à mener la motion qui regroupe les frondeurs et la gauche du parti, afin de définir les bases d’une « nouvelle majorité ».
 
Raffermi par l’adhésion finale de Martine Aubry, Jean-Christophe Cambadélis tempête et menace. Pour lui, il est « très clair » que l’objectif des frondeurs est de « renverser la majorité du Parti socialiste pour renverser le gouvernement ».
 

Soutenir la motion de Cambadélis et continuer une politique qui perd…

 
Il y a, dans le propos peu réaliste de Cambadélis, une volonté de rallier les suffrages des militants à la cause de François Hollande. « C’est la condition pour pouvoir continuer la politique actuelle, voire même l’amplifier », explique-t-il.
 
Ce n’est pas forcément le meilleur argument. Car, aujourd’hui, c’est François Hollande qui plombe le moral des Français ; et notamment des Français de gauche.
 
Affirmer que, de la stabilité du parti, et donc du soutien de l’exécutif, dépendra la ligne qui parquera la fin du quinquennat a certes son importance. Mais ce qui est manifeste, c’est qu’il en dépendra surtout l’équilibre de la prochaine élection présidentielle. Bref, dans ces motions se dessinent peut-être déjà les futures primaires – et l’explication du revirement de Martine Aubry.
 
Son mot de la fin ? « J’ai envie que François Hollande gagne… » Elle n’a vraiment rien de plus excitant à nous proposer ?
 
Cela dit, qu’un président de la République en exercice ait besoin de ce soutien pour envisager de conduire sa famille politique dans la prochaine campagne présidentielle est le signe manifeste du désamour créé entre lui et ses électeurs par la politique que le courant majoritaire prétend soutenir aujourd’hui…
 
François le Luc