Le Chiffre : 1.253

 

C’est le nombre de déserteurs de l’armée française en 2023, selon un rapport parlementaire qui vient d’être publié. En baisse sur 2022 (1.485) mais en forte hausse sur la moyenne 2017-2021 (moins de 1.000) et plus encore 2020 (834). Selon les parlementaires qui ont enquêté, Colombier et Kervan, la poussée de 2022 serait partiellement due à un « rattrapage » du covid. Dans le détail, les armées de Mer, de l’Air et de l’Espace, armes de spécialistes, sont nettement moins touchées. C’est de l’armée de Terre qu’on déserte. La Légion étrangère a perdu ainsi 85 hommes en 2022, des Ukrainiens partis faire la guerre en Ukraine, ce qui équivaut au cinquième de l’augmentation des désertions de l’année. Les rapporteurs recommandent aux responsables militaires « de mener un travail plus fin pour comprendre les raisons qui poussent certains à quitter les armées, parfois de la manière la plus violente, c’est-à-dire en désertant » (alors qu’il existe d’autres manières, dossiers médicaux, avenant au contrat). Il faut dire que la justice n’applique pas le droit avec beaucoup de rigueur. Selon l’article L 321-2 du code de justice militaire, la désertion peut être punie de trois ans d’emprisonnement, mais, selon le rapport, « le plus souvent, les peines prononcées sont des peines d’emprisonnement assorties d’un sursis simple allant de 15 jours à 6 mois, voire par un classement sans suite selon les juridictions ». Et d’ajouter : « Les peines constatées actuellement ne sont pas dissuasives : par exemple, la section AC3 du Parquet de Paris – affaires militaires et atteintes aux intérêts fondamentaux de la Nation – classe systématiquement sans suite. » En tenant compte de « l’immaturité » et de la « versatilité » de certains jeunes engagés. Ainsi la radiation des effectifs pour désertion, en temps de paix, peut être assimilée à une « rupture unilatérale du contrat de travail ». Cela n’a pas empêché le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, de se féliciter le 26 mars à Tours du succès de son plan de Fidélisation 360 lancé voilà un an pour améliorer les conditions de travail et de vie des militaires : « Les résultats sont là. Nous avons inversé la tendance. Nous avons réussi à diminuer de manière considérable le nombre de départs avec une attractivité en recrutement qui, elle, reste très élevée. Nous avons enfin un flux et une courbe qui s’est inversée. » Il se félicite que les effectifs de l’armée aient enfin cessé de diminuer, mais de là à prévoir un déploiement sur le terrain en Ukraine…