C’est le nombre des spectateurs qui sont allés voir au cinéma le jour de sa sortie à Paris le film de Mehdi Fikri, Avant que les flammes ne s’éteignent, « librement inspiré » de l’affaire Assa Traoré. Soit trois fois moins que, l’an dernier, Nos frangins, tout aussi librement inspiré de l’affaire Malik Oussekine, une manipulation de l’opinion qui avait dissuadé Jacques Chirac en 1986 de réformer le code de la nationalité. 2.150 entrées, c’est un vrai bide, et c’est une claque pour l’actrice principale, la chanteuse Camille Jordana, encensée à l’avance par la critique parisienne bobo (Télérama : « Camélia Jordana, sœur courage face aux bavures policières »). Cette fille de la bourgeoisie immigrée venue d’Algérie, dont le grand père appartenait au FLN, est une militante. En mai 2020, elle disait ceci à l’émission de Ruquier, « On n’est pas couché » : « Je parle des hommes et des femmes qui vont travailler tous les matins en banlieue et qui se font massacrer pour nulle autre raison que leur couleur de peau, c’est un fait. (…) Il y a des milliers de personnes qui ne se sentent pas en sécurité face à un flic, et j’en fais partie. Aujourd’hui j’ai les cheveux défrisés, quand j’ai les cheveux frisés, je ne me sens pas en sécurité face à un flic en France. Vraiment. » Un an plus tard, elle déclarait à l’Obs en présentant son dernier album : « L’ensemble de ces chansons disent que si j’étais un homme, je demanderais pardon, je questionnerais les peurs, et je prendrais le temps de m’interroger. Car les hommes blancs sont, dans l’inconscient collectif, responsables de tous les maux de la terre. » Elle et le metteur en scène Fikri ont voulu profiter de la proximité des émeutes de juin pour remuer les plaies publiques encore chaudes avec leur film, le titre le dit : Avant que les flammes ne s’éteignent. Leur besogne d’incendiaires n’a pas marché apparemment.