C’est, estimé en euros d’aujourd’hui par le New York Times, le montant des sommes versées en 1804 par le gouvernement de Toussaint Louverture pour indemniser des terres et biens spoliés et des exactions commises contre les colons français par ses colonnes de bandits haïtiens, condition sine qua non pour que la France du premier Consul Bonaparte accorde l’indépendance à la partie ouest de Saint Domingue, et lui rende ses prisonniers. Aujourd’hui, le président du Conseil présidentiel de transition d’Haïti, Leslie Voltaire, a le culot d’en demander le remboursement à Paris, en prétendant lui faire la morale : « Cette injustice inqualifiable constitue une meurtrissure qui ne cesse de hanter notre mémoire. » Incapable de se conduire et de se développer depuis 221 ans qu’elle est indépendante, la République d’Haïti, qui oscille entre violence, misère et dictature, continue à prétendre que ces versements ont « contribué à compromettre les perspectives de développement » et demande « réparation des torts causés ». Et d’ajouter : « Ce n’est pas une simple revendication, mais une nécessité pour que notre nation puisse retrouver la voie de la prospérité et du respect. » Il y a 9 ans, sous François Hollande, le président haïtien Martelly réclamait une autre somme, payée sous Charles X. La maladie de la mémoire est sans fond. Et si on s’occupait du présent ?