Au sommaire :
- New York, Pékin, Paris : des caleçons totalitaires
- Taxis : Paris et Marseille en bouteille
- Homos plus égaux à Tel Aviv
- Changement de majorité chez les cardinaux
- Rafale : l’avion qui cache la misère
New York, Pékin, Paris : des caleçons totalitaires
Dans 60 mégapoles tout autour de la planète, une partie de la population est descendue dimanche dans le métro sans pantalon. Elle répondait à l’appel de la société Improv Everywhere. Qu’est-ce qui se cache derrière cette manifestation mondiale d’humour potache ? Faut-il craindre une manœuvre de caleçons totalitaires ?
Drôle, amusant, libre, la revendication était assez claire : les Anglo-Saxons, qui sont assez coincés par ailleurs, aiment à manifester leur originalité de manière déjantée. Rien de bien neuf de ce côté-là. Mais on peut voir aussi dans la journée d’hier (une nouvelle journée mondiale de plus) un nouveau pas de la mondialisation, par la participation de tous les peuples, indiens, chinois, européens, américains au même jeu. Ce mondialisme ludique est revendiqué par le nom même de la société organisatrice : en anglais Improv everywhere suggère à la fois l’improvisation et l’amélioration, partout, sans frontière. Et si l’on va au fond des choses, les gens qui participent à cette parade organisée de la transgression, le petit doigt sur la couture du caleçon tendent à se défaire, non de contraintes sociales qui sont en fait devenues assez lâches, mais des antiques prescriptions qui jusque ici encadraient la condition humaine.
Panem et circenses
Adam et Eve quittant le paradis virent qu’ils étaient nus et se vêtirent. Puis l’homme dut gagner son pain à la sueur de son front, ce qu’il n’a plus à faire avec le RSA. On tend aujourd’hui à propager l’illusion que les hommes peuvent s’affranchir des contraintes qui les constituent depuis le début de l’histoire. Les initiatives ludiques y contribuent mieux encore que la sportule sociale. L’Empire a repris à Rome ses recettes immémoriales, du pain et des jeux, et des Saturnales. Vous serez libres comme des Dieux, semblent dire les caleçons totalitaires. Ils mentent. La réalité garde ses contraintes. De façon significatives, quelques femmes musulmanes voilées portaient à Paris la pancarte suivante : « Nos enfants prennent ce métro ».
Taxis : Paris et Marseille en bouteille
Les grèves de taxis à Paris et Marseille ont semé le désordre et pris la population des deux métropoles en otage. Elles sont révélatrices d’un malaise dans la société française, coincée entre la crise et le socialisme.
C’est une vraie promotion pour le métropolitain que les taxis parisiens et marseillais ont offerte à la RATP et à la Régie des transports marseillais en bloquant la circulation ce 13 janvier. Il est moins sûr qu’ils se soient eux-mêmes fait une belle publicité en prenant la population en otage, sans souci du bien commun et pour la seule défense de leurs avantages acquis.
Mais leur grogne n’est pas infondée. Les chauffeurs de taxis protestent contre la concurrence déloyale des véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC), qui pratiquent le même type d’activité sans avoir besoin d’acheter, fort cher (240.000 euros à Paris), ou de louer (100 euros par jour), une licence.
Imprévoyance et usine à gaz
Ces VTC connaissent un développement d’autant plus rapide que, par l’effet de la crise économique, de plus en plus de personnes, peu qualifiées, cherchent des « petits boulots » pour tenter de s’en sortir. Cela mène à la déprofessionnalisation de certains métiers, dont celui de taxis. D’autant qu’à la marge, des individus socialement peu stables peuvent s’insinuer par les flous de la réglementation. Les taxis font ainsi état d’agréments donnés sans précaution suffisante aux VTC par les autorités. Et il est certain que cette frange de la population, notamment dans les métropoles et dans les banlieues, se soucie peu des règlements en vigueur et des lois de la République. Face à cela, le gouvernement n’a pas de doctrine stable : il autorise les VTC et augmente la TVA sur les transports au risque d’étrangler les taxis, puis, pour tenter d’amadouer ceux-ci essaie de faire passer à la va-vite une nouvelle réglementation imposant aux VTC un délai d’un quart d’heure entre le moment où ils sont appelés et celui où ils chargent. Courtelinesque. C’est construire une usine à gaz sur un monument d’imprévoyance.