Le JT du 17 avril 2014
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Au sommaire :

  • Esclavage à deux visages : Sapin et Ségolène
  • Algérie : cinquante ans de marasme
  • L’Asie contre la révolution américaine
  • Vitesse en baisse PV en hausse
Esclavage à deux visages : Sapin et Ségolène

Le ministre des finances justifie le plan Valls avec des mots qu’aurait pu prononcer François Fillon, preuve que l’orthodoxie bruxelloise s’applique quel que soit le refus populaire, pendant que Ségolène Royal dit que l’Europe ne l’empêchera pas de réformer l’écotaxe. Du théâtre pour un esclavage à deux visages.

Dans son ministère de la parole, Michel Sapin reprend des éléments de langage du MEDEF d’il y a vingt ans, sérieux, effort, éloge de la responsabilité personnelle, entreprise créatrice d’emploi, refus du pouvoir d’achat à crédit. Derrière ce discours d’apparence raisonnable, le détail des cinquante milliards d’économie montre d’ailleurs la poursuite d’une politique lancée sous Sarkozy. Dans le même cadre imposé par l’Europe, elle ne permettra pas de remonter la pente malgré les sacrifices. La concurrence sans frontière a pour effet nécessaire l’appauvrissement des pays riches. Ajoutons qu’avec l’exception socialiste qu’indique la poursuite des embauches dans l’Education nationale, le bon élève européiste qu’est la France s’assure les moins bons résultats d’Europe. Sans parler de l’Angleterre, hors zone euro, où le chômage est au plus bas et la livre au plus haut, le marché de l’automobile, par exemple, repart deux fois plus vite en Espagne que chez nous, plus 17,7 % contre 8,5 %.

Indépendancitude ou frontièritude

Si Michel Sapin tient ici le rôle du mauvais flic, qui signifie aux Français que la rigueur de Bruxelles doit passer quel que soit leur vote, dans l’esclavage à deux visages, le bon rôle est tenu par Ségolène Royal, qui est là, elle, pour montrer qu’il existe des solutions nationales répondant aux aspirations des Français.
Délicieuse Ségolène, elle n’a pas changé depuis la présidentielle de 2007, où elle affectait de représenter le bon sens face à la stricte propagande socialiste, notamment. Imposer les autoroutes aux camions, prendre l’argent là où elle est, et regarder de plus près dans le bazar européen s’il n’y a pas ici et là une marge de manœuvre, qui pourrait être contre ? Elle cherche un système pour faire payer les camions étrangers : fort bien, mais comment ? En faisant payer une vignette à la frontière ? Mais cela supposerait de rétablir des frontières. Dans l’état actuel des choses, les transporteurs étrangers ne manqueront pas d’attaquer la France pour discrimination. A moins que ce ne soit la Commission elle-même, ou la Cour de justice européenne. Elle va donc chercher un moyen qui la mènera dans un cul-de-sac, dont elle se tirera par des mots, à son habitude – indépendancitude ou frontièritude, peut-être. Sapin est là pour faire sentir la férule des maîtres de Bruxelles, elle pour panser l’amour propre français jusqu’aux élections européennes. Telle est la réalité de l’esclavage à deux visages.
 
 

Algérie : cinquante ans de marasme

L’élection présidentielle algérienne, très présente sur le sol français, s’ouvre sur un fond de neurasthénie. Tout le monde est sûr que Bouteflika sera réélu et personne ne le souhaite. Cinquante ans de marasme en Algérie ont produit une insatisfaction sans espoir.

L’un des interviewés le constate : depuis l’indépendance, rien de positif ne s’est fait dans un pays gangrené par le FLN. Un régime à la fois policier, clientéliste et corrompu s’est montré incapable de faire décoller un pays qui, du temps de la France, montrait les plus belles possibilités.

Le pétrole, et puis rien

Aucune réflexion d’ensemble n’a été menée depuis le plan de Constantine en 1958, et la manne pétrolière du Sahara héritée de la France ne sert qu’à acheter la paix sociale par des transferts massifs (en 2014, 50 milliards de dollars, soit un tiers du PIB) qui empêchent les investissements nécessaires au lancement d’activités de complément. Même l’agriculture ne marche pas. L’Algérie, hors pétrole, est une importatrice compulsive (21 % de ses produits alimentaires), ce qui laisse prévoir que sa position flatteuse de contributrice au FMI ne durera pas. Avec la démographie qui galope, le passage dans le rouge est prévu pour 2020. Brochées sur cet échec économique la montée de l’islamisme, les éternelles luttes de pouvoir entre clans et la guerre ethnique qui n’a pas cessé depuis la fin de la guerre d’Algérie. Cinquante ans de marasme ont mené le pays à une sorte de dépression nerveuse et physique dont l’élection de cette fin de semaine est un signe : les Algériens vont très probablement, par un effet de ce que les sociologues nomment le désespoir appris, élire Bouteflika, le symbole de la catastrophe historique qui a ravagé l’Algérie.