Le Mot : Ecophyto

Le Mot Ecophyto
 

S’il est une chose que les écolos et les bureaucrates à la française aiment en commun, ce sont les plans contraignants et compliqués censément destinés à sauver la planète : en se rencontrant en 2007 au Grenelle de l’environnement sous la houlette de Nicolas Sarkozy, les uns et les autres ont mis au point ensemble une usine à gaz nommée Ecophyto, qui devait fixer aux agriculteurs un cadre de conduite afin qu’ils épandent moitié moins de « pesticides » à l’horizon 2018. Sous ce mot vague destiné à semer la terreur, on regroupe fongicides, insecticides, bactéricides, etc., produits de natures et d’origines diverses. On doit, avant de les condamner, se rappeler qu’ils ont permis depuis la Seconde guerre mondiale une révolution agricole qui a supprimé les famines. Entre 1945 et 1995, par exemple, le rendement du blé à l’hectare est passé en France de 15 à 70 quintaux à l’hectare. Certain, cependant, à dose suffisamment forte, sont dangereux, et en réduire l’usage n’est pas mauvais en soi – à condition d’abord de leur trouver des substituts pour ne pas nuire à la production, et ensuite de mener la réforme de manière juste et raisonnable. Et bien sûr d’obtenir des résultats. Aucune de ces conditions n’a été remplie et c’est une des nombreuses causes de la colère exprimée par les paysans français cet hiver. D’abord, Ecophyto n’a pas marché, ce qui a nécessité un Ecophyto 2, un Ecophyto 2+, et enfin un Ecophyto 2030. Peine perdue, le niveau de pesticides a… augmenté de 14 % entre la période 2008-2011 et la période 2018-2020 ! Et tout ça dans le deux poids deux mesures le plus arbitraire. En effet, d’après le rapport fleuve du député PS Dominique Potier, le paysan français utilise 3,44 kilos de pesticides à l’hectare contre 4,05 pour l’allemand, 6,11 l’italien et 10,82 le néerlandais. En outre, l’Union européenne autorise 458 substances, l’administration française seulement 309. Et notre « niveau d’exigence » légal, sur une échelle réglementaire de 1 à 10, se situe au niveau 10 contre 8 en Allemagne, 6 aux Pays-Bas et en Italie et… 4 aux Etats-Unis. Nos dirigeants se flattent d’être les premiers de la classe de l’écologie mondiale : cela a un prix terrible pour nos paysans, qui paient la casse.