Le Mot : Menstruations

Le Mot Menstruations
 

Depuis l’origine, le mot statistique le dit, l’Etat veut tout savoir pour tout surveiller et tout maîtriser. Il allègue toujours le service du bien pour accroître son emprise. En Occident, c’est la lutte contre le terrorisme, le narcotrafic ou le CO2. En Chine, le PCC, parti communiste chinois, gigantesque parti-Etat sans équivalent, s’est donné pour mission de redresser une démographie ruinée par sa propre politique de l’enfant unique. Sa nouvelle tactique, déjà en œuvre dans plusieurs régions, est de demander aux femmes en âge de procréer de déclarer la date de leurs menstruations. Ou plutôt de les y obliger, de la manière la plus précise. A Xuanwei, dans le Yunnan, le groupe WeChat local les invite à répondre à ce formulaire : nom, date des dernières règles, numéro de téléphone, + adresse du moment si elles ont bougé : réponse exigée par les services de santé. Objectif allégué : prendre connaissance des grossesses pour offrir les meilleurs soins. Depuis les années 80 et jusqu’à 2015, la même surveillance s’exerçait afin de limiter les naissances et faire avorter si nécessaire. En d’autres endroits de Chine, c’est la fédération des femmes de la ville qui pose les mêmes questions à toutes, mariées ou célibataires. Beaucoup d’internautes n’apprécient cependant pas cette intrusion dans leur intimité. Témoin cette réaction : « J’ai vécu assez longtemps pour voir ça. La police des règles est là. » Il y a aussi la police des mariages, le coup de fil des autorités pour vous demander si vous avez l’intention de fonder une famille. Et la dernière trouvaille, moins intrusive pour les femmes mais plus douloureuse pour le portefeuille des hommes : la TVA à 13 % sur les préservatifs. Pour l’instant, on n’en voit pas l’effet : la Chine renâcle devant l’enfant comme l’Occident.