Le Mot : Salaire décent

Le Mot Salaire décent
 

Le président du groupe Michelin, Florent Menegaux, a agacé certains patrons en lançant que « le smic n’est pas un salaire décent », ce qui lui a permis de vanter les efforts que fait son entreprise pour mieux traiter ses 132.000 employés. Du temps où c’était la famille Michelin qui tenait directement le géant du pneu en main, les syndicalistes marxistes critiquaient souvent le « paternalisme » putatif de ces patrons catholiques, qui assuraient à leurs salariés toutes sortes d’avantages pour leur permettre de bien vivre. Cela répondait à une conception de l’existence, de la famille et de l’entreprise qui semble toujours vivace chez Michelin et qui sans doute s’oppose à certaines données de la société actuelle mais rassure les travailleurs par ces temps de grande précarité. Pour Ménégaux en effet une rémunération vraiment décente doit permettre « à chaque salarié de subvenir aux besoins essentiels de sa famille – deux adultes et deux enfants – (alimentation, logement, transport, éducation des enfants, frais de santé…) mais également de constituer une épargne de précaution et d’acquérir des biens de consommation ». Ce qui n’est évidemment pas le cas du SMIC, lequel a longtemps été conçu comme base de calcul, est le salaire réel d’une proportion de plus en plus grande de travailleurs : elle est passée de 10,8 % en 2014 à 17,3 en 2023, même si elle tombe à 10 % au-dessus de trente ans.